Dans une Europe en pleine transition écologique, le portrait poignant et lumineux de deux adolescents invités à conjuguer leur guérison avec celle de la Terre.
2035. Ils s'appellent Anastasia et Ayden.
Ils ne se connaissent pas, mais leurs chemins sont amenés à se croiser.
Anastasia a grandi dans une Espagne qui subit de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique. Après la mort accidentelle de son père, elle assiste, impuissante, au naufrage de sa mère.
Ayden, lui, a appris à ses dépens qu'à trop jouer avec le feu on se brûle.
Laissant derrière eux leurs existences brisées, ils ont pris chacun de leur côté la route de la Bretagne pour l'Île de la Recouvrance où les attend l'espoir d'une vie meilleure.
Les sentiers de recouvrance sonnent à première vue comme un double road trip à l’ambiance onirique (certains détails détonnent par leur caractère fantastique), dans un monde bouleversé par le réchauffement climatique.
La première partie du livre est donc assez lente, assez contemplative, à l’image de ces paysages écrasés de chaleur que Nas et Ayden traversent, où tout semble tourner au ralenti et où les rencontres avec d’autres êtres humains sont rares et donc marquantes. Elles le sont d’ailleurs d’autant plus que chacune de ces personnes réagit avec bienveillance, en rupture totale avec ce que les ados ont laissé derrière eux (une famille à la dérive, pour résumer grossièrement).
Mais tout change au moment où l’on s’y attend le moins. C’est brutal mais efficace, et d’autant plus que ça permet d’aborder d’autres thématiques sur la base de l’inclusivité sous toutes ses formes. Nas et Ayden acquièrent une profondeur nouvelle ; leurs passions sont source d’espoir et d’un avenir meilleur qui résonne avec celui de la Terre. Nous ne sommes pas dans un roman catastrophe dans lequel tout est perdu et plus rien n’a d’importance, c’est même totalement l’inverse.
Avec Les sentiers de Recouvrance, Émilie Querbalec signe donc un roman actuel (le réchauffement climatique sert de toile de fond au récit) et pourtant optimiste, dans lequel le destin des deux protagonistes, Nas et Ayden, tous les deux meurtris, résonne avec celui de la Terre. La plume de l’autrice, très douce, donne un côté intimiste totalement raccord avec son propos. À l’heure où le dérèglement du climat devient plus que jamais une réalité qu’il n’est plus possible d’éviter, n’aurait-on pas davantage besoin de livres comme celui-ci, plutôt que de romans qui appuient sur son caractère anxiogène ?
Bénédicte Durand