C’est toujours un plaisir pour moi de lire un ouvrage paru chez Argyll. Cette jeune maison d’édition rennaise sous la tutelle de Xavier Dollo et Simon Pinel nous a déjà récompensé de quelques pépites et il ne faut pas bouder son plaisir.
J’avais déjà lu du Soulas, dont « Rouille » et bien entendu « Les oubliés de l’amas ». J’avais un peu discuté avec elle lors d’un salon imaJn’ère et avait trouvé sa démarche littéraire intéressante. Je trouvais juste qu’il lui fallait affirmer sa maturité d’écriture. Il semblerait bien que ce soit chose faite.
Bon, j’avoue avec humilité que le thème de post-apo dystopique m’a fait rentrer dans l’œuvre à reculons. J’ai eu tort. Le roman conte les aventures de deux pisteuses, Lottie, une humaine issue d’un des derniers vestiges - un peu en ruine - de la civilisation qu’elle a quitté de manière volontaire et Férale une mutante qui partage sa physiologie entre humanité/ « bestialité ». Férale souffre du rejet des survivants qui errent sur la planète et qui la considèrent comme un monstre. Lottie et elle forment un duo efficace et dangereux.
Le roman se divise en trois parties, un road trip dans les outlands (genre Fallout), un huis-clos dans la cité survivante, et enfin une partie choc qui mènera au dénouement de cette histoire. La grande force du roman réside dans ses personnages féminins qui principaux ou secondaires sont extrêmement riches et disons-le tout net magnifiques.
C’est avec plaisir que l’on suit ces personnages décalés y compris dans le déchainement de violence final qui frise le trash. La science se trouve désarmée par les maladies omniprésentes qui essaiment dans ce monde en ruine où l’espèce humaine avance à pas de géant vers l’extinction. Bien entendu, les « monstres » ne sont pas ceux que l’on veut nous faire croire et un espoir fragile est peut-être en train de naître.
L’écriture de Floriane Soulas est appliquée et détaillée et le roman a une histoire puisque la première version de celui-ci a été volée par suite d’un « détroussage » dans les transports en commun. Floriane a eu le courage de le reprendre et elle a bien fait.
Jean-Hugues Villacampa