Le Retour du Hiérophante est le second tome de la trilogie Les Maitres Enlumineurs de l’auteur américain Robert Jackson Bennett.
A la fin du premier tome, nous avions laissé nos héros Sancia, Gregor, Orso et Bérénice à Tévanne, où leurs actions avaient entrainé de profonds bouleversements dans l’ordre politique de la cité. Trois ans se sont écoulés au début de ce deuxième tome. Le groupe Interfonderie qu’a créé Sancia et ses acolytes vise la diffusion et la démocratisation des enluminures, non sans énerver les autres maisons marchandes qui s’enrichissaient sur ce savoir ésotérique. Arrive à ce moment-là une ancienne menace aux pouvoirs extraordinaires, le premier et le plus puissant des Hiérophantes, inventeurs des enluminures, Crasedes Magnus. Commence alors pour le groupe une course haletante pour développer au plus vite les armes et outils pour le contrer et l’affronter.
Ce deuxième tome tranche donc franchement avec le premier. La menace est bien plus directe et évidente. Alors que le début des aventures de Sancia s’apparentait à des histoires de braquages à la Ocean 11, nous sommes là sur un récit de guerre ouverte, même s’il y a encore des scènes d’infiltration et de cambriolages, mais également de longs passages explicatifs sur les nouveaux personnages qui nous sont présentés comme Valeria, Polina ou Crasedes. Les techniques de l’enluminures continuent de constituer le cœur des solutions et stratégies des protagonistes, mais il s’agit principalement d’un approfondissement des techniques développées dans le premier tome par l’équipe de Sancia, tandis qu’en face Crasedes Magnus semble pouvoir s’affranchir des limitations longuement exposées auparavant.
Le focus sur les personnages change également, avec la lumière mise sur Gregor, son passé et la relation avec sa mère, que j’ai trouvé absolument poignante, et une place plus centrale accordée à Bérénice que j’ai juste adorée.
Tous ces éléments ont donc concouru à faire du Retour du Hiérophante une très bonne lecture pour ma part, mais clairement en deçà du premier tome. La raison principale est un net déséquilibre dans le rythme du roman et une perte de subtilité. Les dialogues explicatifs sont très longs, les scènes d’actions s’enchainent ensuite à un rythme effréné (on ne sait pas quand nos héros peuvent dormir ou manger ou juste réfléchir un peu à ce qui leur tombe dessus). Les combats de la fin affichent une démesure volontaire, qui m’ont secouée car je ne m’attendais pas à lire dans ce genre de roman la succession de tant de récits de dévastation et de meurtres de masse. A tel point qu’il m’a fallu plus de deux ans pour m’en remettre et écrire cette chronique.
L’intelligence du système de magie et le fort attachement que je ressens pour les personnages me feront dès que j’en aurai l’occasion lire le tome 3, Les terres closes, sorti en avril 2023, toujours aux éditions Albin Michel Imaginaire, en étant peut-être plus prévenue que le ton humoristique et l’attitude légère de certains passages du premier tome se sont effacés pour laisser la place à un roman d’une certaine violence et aux intrigues tragiques.
Audrey Pleynet
Si vous n'avez pas encore découvert le premier tome de cette saga inoubliable, une chronique est à découvrir ici !