«Trois battements, un silence d’Anne Fakhouri» chez Argyll

J’ai rencontré Anne Fakhouri à un événement privé où se trouvait aussi Xavier Dollo, Sylvie Miller et Lionel Davoust, autant dire que du beau monde.

J’ai tout de suite été très impressionné par Anne. Je suis allé me présenter auprès d’elle. Une femme magnifique au port princier, un regard écrasant de charisme. Nous avons bavardé quelques minutes à l’ombre d’un marronnier centenaire, c’est le souvenir que je garderai d’elle.

J’avais lu d’elle une très belle nouvelle « Au cœur du dragon » dans l’anthologie « Reines et dragons » de Lionel Davoust et Sylvie Miller (tiens !?) chez Mnémos, ainsi que le malin « American fays » co-écrit avec Xavier Dollo » (re-tiens !?).

Quand j’ai appris qu’Argyll sortait un roman de Posthume d’Anne, mon sang n’a fait qu’un tour.

C’est quasi avec recueillement que je me lançais dans la lecture de « Trois battements, un silence ».

Ne me demandez pas pourquoi car leurs écritures sont très différentes mais dès les premières pages, j’ai eu une bouffée de Justine Niogret pour laquelle j’éprouve une grande admiration. Les deux femmes quoique très différentes ont des points communs troublants : ce sont des militantes détachées, sûres d’elles et de leurs idées mais qui ont compris que certains combats se mènent dans le temps et pas dans la violence : des guerrières apaisées avec cependant le verbe acéré, dotées du pouvoir d’assommer les malveillants, capables d’empathie mais ne désirant pas perdre leur temps.

Le côté très sombre de ce roman est une autre similitude entre les deux auteures. Marco est coincé entre une réalité socialement effondrée dans un historique familial frappé d’une malédiction, et un monde féérique qui n’en possède pas le merveilleux que l’on pourrait attendre de lui. Le roman vibre littéralement sous ses trois battements suivis d’un silence au rythme de «Born to run» de Bruce Springsteen. Les scènes d’action sont suivies de moments empreints d’une langueur chargée de poésie. La violence, l’amour, la compréhension sont des moteurs qui vont nous mener à une fin touchante et merveilleuse, enfin. Marco a été élevé dans un environnement patriarcal dur : les Lusignan. La famille a eu, dans le passé des contacts poussés avec le monde féérique et plus particulièrement la fée Mélusine. Il est clair que, comme à l’habitude, les humains sont passés outre les recommandations des fées qui a inéluctablement conduit à un schisme énorme. Les Lusignan délaissés considèrent les fées ni plus ni moins que comme des salopes. Marco dont l’héritage féérique est sensible, empli de la rancœur de sa famille va être confronté à un dilemme de taille qui va l’entraîner à suivre un chemin de rédemption douce-amère semé d’embûches (des trolls !!). Il sera accompagné d’autres « hybrides » et devra affronter des épreuves dans un monde sans pitié.

Il est difficile de vous en dire plus sans dévoiler ce roman qui mérite votre découverte pleine et entière.

Jean-Hugues Villacampa

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