Morgane Tome 1 Le démon du grenier
L’autre jour, y’avait la convention ImaJn’ère. Joli nom pour un salon de littérature fantastique et polar où il y avait pas mal de beau monde. En fait il n’y avait que du beau monde, mais certains qui le sont depuis plus longtemps que d’autres. Je m’suis promené devant les auteurs, lorgnant sur leurs ouvrages tout en me léchant les babines devant tant de futures lectures. Et là, j’arrive devant Le grand Monsieur Tarvel, assis à bavasser avec son voisin Darvel, de choses sanguinolentes et peu catholiques. Il n’me fallait pas plus pour m’intriguer. Je profite du peu d’attention que je suscite et m’avance pour reluquer les tables achalandées devant moi. Le Monsieur, vénérable et toujours jeune, du monde de la SF dispose de ses dernières sorties : Les Trash, intéressants, émoustillants mais digérés. Bob Morane, qui n’a pas entendu parler de lui alors qu’il fut chanté par Indochine. Sous le pseudo d’Henry Vernes, Mr Brice Tarvel fait poursuivre les aventures à cet aventurier d’une autre génération de lecteurs. Des bandes dessinées, et non des moindres : Mortepierre, de la dark fantasy brutale et humaniste, j’en salive encore. Et là, mon prochain plat de résistance : deux superbes tomes de chez Malpertuis. Cette maison d’édition a mes faveurs, nom du premier roman de Jean Ray, dont Brice Tarvel est l’un des plus célèbres pasticheurs (Titre ex aequo avec Robert Darvel, ce qui a grandement aidé à leur amitié) pour les aventures de Harry Dickson, le Sherlock Holmes américain.
Mais revenons à mon mouton. Morgane susurres-je, le nom me laisse rêver et réveille en moi la caresse du vent sous les frondaisons de Brocéliande. D’ailleurs c’est sans doute sans hasard, mais la raison du choix du nom appartient au
méandre psychologique de son auteur. Morgane (héroïne de cette série) est une jeune fille lyonnaise, qui va aller vivre avec sa grand-mère en Lozère. Pas d’inquiétude, le spoile (prononcer spoale) s’arrête là. La quatrième de couverture et le titre nous apprennent que ça va être une histoire fantastique (dans le genre et dans les faits). Une histoire de piaf gigantesque. Bon ok dit comme ça, moi non plus ça m’a pas emballé dès le début. Mais j’ai fait confiance à Mr Tarvel, je n’ai jamais été déçu par ses idées. Ni par sa discussion, soit dit en passant. Un genre de bibliothèque ambulante. Pas le genre Biblio municip’ où on trouve tout et surtout n’importe quoi. Non là, c’est l’ancienne bibliothèque vénérable et vénérée. Quand ce type ouvre la bouche pour causer, vous avez une sorte de reflexe psycho conditionné : vous tournez sur vous même à la recherche de n’importe quel support pour vos fesses histoire de pouvoir rester le plus longtemps possible les esgourdes toutes ouvertes à vous abreuver du torrent de son savoir. Pas d’inquiétude, il a tout de même une qualité pour compenser ce gros défaut : il a de l’humour, un humour froid et caustique qui fait mouche à chaque fois. Donc, posez pas de question et faite comme moi : confiance et lecture. Une fois le livre dans vos mains, ouvert, et la lecture débutée, c’est là que la magie opère. Le grand sieur vous embarque de sa plume et vous empêche de lâcher le livre sans l’avoir fini. C’est un peu comme un kidnapping mais avec votre consentement, et vous en ressortez grandi et émerveillé.
Fenrir