La septième épée – Dave Dunca – Editions Bragelonne

En dépoussiérant une des très nombreuses étagères qui remplissait une des salles de la grande bibliothèque de Gubal, éclairé seulement par les lumières des lampes de la salle, un livre attira mon attention. Il était négligemment posé sur une des tables de lecture ou s’étendait bien d’autres piles d’ouvrages protéiformes, qui miraculeusement ne s’étaient pas effondrés comme les autres. Bien au contraire, ils semblaient former une muraille, une muraille vieille de plusieurs siècles contenant des connaissances de temps révolus, de civilisations disparues.

C’est donc avec le plus grand soin et avec la plus grande curiosité que je me saisissais de ce livre et allait le lire près d’une table avoisinante. Le titre de ce livre brillait en lettres dorés sur le cuir rouge usé par le temps : La Septième Épée.

En ouvrant le livre je fus étonné d’y trouver un petit feuillet qui en racontait et chroniquait l’histoire, sûrement écrit par un savant érudit de son temps. Je vous transcris ici les exacts mots que j’y ai trouvés.


En allant chez mon bouquiniste préféré qui a malheureusement fermé ses portes depuis, je demandais conseil à la personne derrière le bureau : un jeune homme dont la chevelure brillait de reflets d’argent, la lumière faisant se refléter les cheveux blancs qui parsemait son chef. Chef qui lui n’en avait plus de cheveux d’ailleurs.

C’est ainsi qu’en recherche de bon livres de fantasy, je lui demandais son avis expert et il me remit entre les mains un livre : La Septième Épée de Dave Duncan. Ne connaissant pas je me fiai à son conseil et retourna donc chez moi, mon nouvel achat en poche. (Façon de parler, vu qu’une trilogie en intégrale de plus de 900 pages, faut avoir quand même de sacrées poches pour la ranger.)

Je ne connaissais pas Dave Duncan, c’est un auteur de fantasy né en Écosse et qui vit aujourd’hui au Canada. Avant d’écrire plus d’une trentaine de livres de fantasy, il était géologue dans l’industrie pétrolière. (Le lecteur averti remarquera la similitude avec le personnage principal de ce livre.)

La Septième Épée est l’histoire de Walter Charles Smith un directeur d’usine pétrochimique (lecteur averti, est-tu là ?) de 36 ans qui décéda des suites d’une brève maladie. (Bon oui comme ça, ça fait pas rêver)

Mais le destin, sous la forme de la Déesse, transféra son esprit dans le corps d’un guerrier barbare : Shonsu, guerrier du septième rang. (Vous voyez à peu près Connan, barbare de son métier ? Le même, excepté peut être le petit accent autrichien en moins)

Mais en contrepartie de sa nouvelle vie, dans un corps tout à fait musculeux et testostéroné, la Déesse lui confie une mission, réussir là où Shonsu (la machine de guerre de ce monde) a échoué, stopper le culte du dieu du feu. La déesse fit ainsi de Wallie Smith son champion et lui confia la légendaire épée de saphir, symbole de sa puissance.

Vous comprendrez donc l’embarras dans lequel se trouvait le bonhomme. Comment accomplir une quête donnée par la Déesse du Monde (oui, c’est le nom de l’endroit où il se trouve) et réussir là où la machine de guerre Shonsu n’avait pas réussi ?

Et le topo de la quête c’est : Si tu réussis tu seras couvert d’or et sinon bah tu seras jeté aux crocodiles, ou un truc dans le genre.

Bien qu’on dirait le scénario d’une partie de Donjons et Dragons, et bien ami lecteur tu seras bien étonné de ce que le livre te réserve. L’intrigue qui semble simple à première vue prend une dimension toute autre aux fils des chapitres. En effet, ce qui fait la force du récit c’est son histoire, simple, mais pas pour le personnage principal, qui devra trouver des alliés pour l’aider dans sa quête. Les personnages sont la seconde force du livre, tous les personnages ont de l’importance, un caractère, une personnalité et on se prendra rapidement à s’attacher à eux. Car la réflexion des personnages fait partie intégrante du récit.

Les choix et les doutes de Wallie sont le cœur de l’histoire. Une histoire intelligente qui sera à l’image du personnage principal, un balancement entre deux personnalités, celle de Wallie et celle de Shonsu, deux mondes, deux expériences et deux façons de penser radicalement différentes. Et il est intéressant de voir comment Wallie se sert de
l’expérience qu’il a acquis dans notre monde et la replace dans le contexte du Monde, un univers qui serait entre l’antiquité et le moyen-âge pour nous, où la religion, la croyance est au centre du Monde à l’image de la Rivière, personnification de la Déesse elle-même qui coule le long du Monde.

Cette façon de présenter la croyance m’a beaucoup plus et c’est pour moi ce que j’ai le plus apprécié. Pour une personne de nos jours, ce genre de croyances peut paraître archaïque, mais prend un sens différent dans le contexte du Monde où la croyance fait partie intégrante de la vie, comme devra l’accepter Wallie Smith. Cette réflexion sur la croyance amène à se poser des questions et envisager, sous un angle nouveau, ce que c’est que croire.

Ce livre est pour moi une réussite, il arrive à sortir des clichés de la plupart des romans de fantasy et proposer une histoire et des personnages attachants. Et si l’on se donne la peine de remettre ses croyances en question en même
temps que le personnage principal, on se retrouve avec une bonne histoire (qui nous tiens longtemps, parce que le bébé fait quand même ces 900 pages) et qui propose en plus de faire réfléchir.

THEO VIARD

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

%d blogueurs aiment cette page :