Depuis quelques temps, il y a une sorte de revival des cross-over. Mais qu’est-ce donc qu’un cross-over ? Il s’agit d’un terme technique pour designer toute œuvre regroupant différents héros, ou mythes littéraires, de diverses origines
mais tous avec un point commun. Et cela, dans une même œuvre. Cela peut être une maison d’édition commune comme c’est le cas avec les éditions Marvel ou DC. Une époque comme pour les ligues des gentlemans extraordinaires, dont vous avez pu voir une chronique dans le dernier numéro.
Cette fois ci, je vais vous parler des brigades Chimériques. Qu’est-ce donc ? Entre les années 1800 et 1930, l’Europe (et la France plus particulièrement) a été très productive en matière de super-héros. Je vous conseille d’ailleurs d’aller voir le livre de Xavier Fournier édité par HUGINN&MUNINN. Cette œuvre ne raconte pas leurs histoires, mais leurs extinctions. Elle permet donc à une ligne uchronique de rejoindre notre ligne temporelle. Issue du progrès technique ou des armes expérimentales sur les champs de batailles, l’être humain dépasse sa propre condition. Nous
pourrons ainsi retrouver les héros de notre enfance tel que l’indémodable Passe-muraille, ou le nyctalope. Des grands noms issus d’œuvres classiques comme Gregor Samsa de Kafka, ou le golem imaginé par Meyrink et même le célèbre docteur Mabuse, le Fantomas de Norbert Jacques. On peut même y trouver Irène Curie, fille de Pierre et Marie Curie toujours bien en mariage avec Frédéric Juliot ainsi que Salvador Dali. Cette œuvre permet non seulement de ramener tous les supers héros à vivre une aventure ensemble, mais aussi de refaire le point sur l’histoire de cette époque, que ce soit sur l’aspect social, les enjeux politiques, économiques ou culturels mais aussi sur les sciences de l’époque, l’avancement des techniques et technologies.
Cette BD est bâtie sur le principe empathique, il n’y a ni vrais gentils ni vrais méchants dans les protagonistes, mais des concours de circonstances et des liens de causalité. Bien sûr le cadre reste manichéen car il s’agit de l’histoire
que nous connaissons et que l’Europe a vécue. Mais c’est sa qualité fantastique qui en fait une des œuvres incontournables du genre. Je vous ai parlé des gentlemans extraordinaires, un comics de Alan Moore qui regroupe des héros littéraires, mais plus récemment est sortie la série « Penny Dreadfull » donc je ne vous ferais pas la chronique dans ces quelques lignes mais dont le principe est le même : On prend les héros des feuilletons ou magazine de l’époque et on leur fait vivre une aventure commune. Et pour le scénario, la collaboration de Serge Lehman, auteur incontournable de la série anticipation chez fleuve noir et de Fabrice Colin, Un des piliers de la littérature de l’imaginaire française, a donné lieu à une histoire en béton qui sait tenir le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page. Coté couleur, C’est la toute jeune dessinatrice Céline Bessonneau qui a su illustré cette bd avec soin et imagination.
PIERRE MARIE SONCARRIEU