Salut les ptits loups. Et oui, vous avez bien deviné, si j’écris dans ces quelques pages c’est qu’il m’est encore arrivé un truc en librairie ce mois ci. Alors que je me dirige vers mon rayon préféré, fait de sang et de stupre, je tombe sur l’étalonnage « Bragelonne » (je ne sais pas pour vous mais pour moi cette édition est inconnue au bataillon) où, en tête de gondole, est exposée une nouveauté. Couverture sombre, deux personnages l’un derrière l’autre, un androgyne au premier plan surplombé d’une femme noir a l’arrière. Celle-ci tire des fils accrochés aux bras du premier. A la vue de cette image : une femme sombre tirant les ficelles comme si elle détenait le pouvoir tout en restant dans l’ombre. Forcement ça fait résonner mon coté machiavélique. D’autre part, dentelles et dorures me font mirer quelques illusions d’opulences tout à fait alléchantes. N’écoutant que mon bon sens, ni une ni deux me voila en caisse avec ce que j’espère être un trésor promouvant l’enrichissement et la manipulation. Et bien, vous comprendrez rapidement pourquoi je suis tombé de haut.
Début de l’histoire : présentation de deux gamins, jumeaux, enfants d’une riche banquière qui les élève seule tout en gérant son affaire financière. Le livre ne pouvait pas commencer sous de meilleurs auspices : la famille et l’argent. Des deux enfants : l’un est un garçon marqué d’une tâche de vin au visage et l’autre une fille aveugle. Le premier préférant s’occuper de sa sœur plutôt que de l’affaire familiale. Il va même jusqu’à se confronter à l’autorité maternelle. Aveugle de naissance et de nature fragile, la seconde se prénomme Perle. Peut-être aurait-elle dû rester sous la tutelle de sa mère bienveillante qui, pour protéger sa santé fragile, lui permettait de se reposer toute la journée dans sa chambre. Mais qu’a t’elle préféré faire ? Crapahuter à l’air libre et seule, forcement. Elle contracte donc une maladie mortelle et fini par y laisser sa vie. En même temps qu’espérait elle ?
Le jour des un an de son décès, son jumeau nommé Sonax, décide de fuguer car fou de chagrin pour sa sœur et ivre de colère contre sa mère, plus rien ne va dans sa vie. Dès la première nuit hors de la demeure familiale, il se fait racketter et fini par être contraint de dormir dans la rue. Comment désenchanter le mythe de la fugue en quelques pages. En même temps, il aurait du rester dans le cercle familial où son avenir était tracé et assuré. Le lendemain matin, après quelques pérégrinations au hasard des rues, il tombe sur un couple d’adolescents qui décide de
l’aider en l’incorpore dans une troupe de théâtre. C’est à partir de là que je me suis rendu compte que j’étais en pleine fantaisie. Horreur ! Ce gamin lache le monde de la finance et de la rentabilité pour le théâtre, le divertissement. Le reste de la population, non content de le conforter dans ses idées saugrenues, vont jusqu’à l’aider. C’est à vous couper l’envie de continuer à lire…
Fort heureusement, dans ce livre prônant le changement, la manipulation et le déguisement, n’est pas héros celui qu’on pourrait croire. Ça commence à devenir lassant tous ces preux tout beau, tout blanc. Même si les valeurs encensées dans ces pages n’ont à mon sens, rien à faire dans l’esprit des jeunes (ça pourrait les pervertir), l’auteur montre avec brio l’humanité dans toute sa palette d’émotion et de caractère. Les personnages, changent, évoluent, murissent ou dépérissent. En un mot ne cherchent qu’à s’en sortir et ce par tout les moyens. Et peu importe ce que pourrait penser le reste de la société ou même nous lecteur. En effet ce qui importe, à ces personnes fait d’encre et de papier, c’est de survivre et de s’élever dans la société, de se dévoiler devant nos yeux tel qu’ils sont dans toutes leurs particularités, et non tel que nous pourrions les vouloir.
Malgré les qualités dont fait preuve cette œuvre, je ne peux que vous en déconseiller la lecture. Laissez ça entre les mains de la jeunesse revient à lui dire que la liberté peut être réelle et source d’épanouissement. Voir même que des
valeurs telles que l’intégrité, la volonté et l’indépendance sont, d’une part bénéfiques et d’autre part à cultiver. N’importe quoi…
La jeune auteur à qui nous devons cet essai sur la nature humaine, se prénomme Samantha Bailly. Je ne sais pas à quoi élève-t-on les auteurs de nos jours ; mais ce qui est certain c’est que les valeurs dont cette jeune femme a remplie son œuvre, ne permettront jamais d’enseigner à quelqu’un comment réussir dans la vie, comment devenir riche et puissant. Honnêtement qu’est ce qu’on perdrait à arrêter de lire ? De l’imagination ? Du savoir ? Des valeurs ? Des idées ? Honnêtement est-ce rentable ces trucs ? Est-ce monnayable ? bien sûr que non et c’est même contre-productif! Dans le temps un inconscient déclara :
«Faire rire ou rêver, c’est faire oublier.
Quel bienfaiteur sur la terre,
qu’un distributeur d’oubli ! ».
Quel idiot, permettre aux gens de s’évader et de penser à autres choses qu’à leur travail, surtout par les temps qui courent. En tout cas pour ce qui est de l’évasion, on nage en plein fantastique grâce à mademoiselle Bailly.
FENRIR