Phenderson Djèlí Clark nous entraîne au cœur d’une Égypte en proie à une insécurité politique. En effet, nous allons suivre une inspectrice nommée Fatma qui travaille pour le Ministère de l’Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles. Elle va faire face à une enquête sur l’assassinat de la Fraternité d’Al-Jahiz par le prétendu Al-Jahiz. Celui-là même qui a ouvert une brèche en faisant des expériences dans le Kaf, l’outre-royaume des djinns, il y a une cinquantaine d’années, afin que le monde des humains et des djinns se côtoie.
Dans un contexte politique et social déjà tendu, cette affaire rend l’Égypte, et tout particulièrement Le Caire, encore plus insécure.
Fatma se lance donc à la recherche de ce mystérieux individu…
Maître des djinns nous ramène dans l’univers de deux précédents textes de l’auteur L’étrange affaire du djinn et Le Mystère du tramway hanté. Quelques références sont présentes dans le récit sans pour autant en gêner la compréhension si vous n’avez pas lu ces derniers.
L’univers du roman est très recherché comme l’illustre l’utilisation de mots arabes par l’auteur pour ancrer culturellement son récit et des références littéraires, telles que Tolkien, sont présentes.
Phenderson Djèlí Clark donne vie à ses personnages et son univers comme s’ils étaient vraiment réels. Il met en lumière un monde uchronique mêlant un surnaturel magique et technologique avec l’utilisation d’automates qui sont au service des humains.
L’auteur transmet plusieurs messages à travers ce récit. Nous pouvons ainsi observer une mise en avant de la tolérance face aux différences, mais également du féminisme avec la collaboration de Fatma et une nouvelle recrue. Il dénonce par ailleurs le racisme et le colonialisme. Il nous propose donc une critique, à la fois sociale et historique, de la société.
Phenderson Djèlí Clark a passé la majorité de sa vie au Texas, mais il a vécu ses premières années dans les Caraïbes. En parallèle de son écriture, il est historien et chercheur en étude comparée de l’esclavage et de l’émancipation dans le monde atlantique. Maître des djinns est son premier roman et a remporté le prix Locus dans la catégorie Premier Roman (2022) et le Nebula dans la catégorie Meilleur Roman (2021).
Sa dernière parution, Ring Shout, a reçu Le Grand Prix de l’Imaginaire, le Prix de la Traduction Jacques Chambon (2022), le Locus Awards (2021), le British Fantasy Awards (2021), le Nebula Awards (2020) et dernièrement, le Prix Julia Verlanger (2022). Cette nouvelle a été annoncée aux Utopiales.
Je vous invite chaleureusement à découvrir cet auteur et sa merveilleuse plume à travers ces écrits.
Karine BOITEL