Le trophée du prix Ayerdhal

Le trophée du prix Ayedhal n’est pas juste un bel objet qu’un artiste va poser sur le manteau de sa cheminée, il a son histoire, sa créatrice et sa symbolique.

Depuis les tous premiers imaJn’ère, les sociétaires évoquaient la possibilité d’un prix. Mais un prix de quoi ? Qui étions nous, nous, amateurs de fictions populaires pour juger de la valeur littéraire du roman de l’année ? Et puis moultes confrères font déjà ça très bien.

Les années passant, nous avons constaté que la grande majorité de nos invités n’étaient pas simples romanciers mais étaient aussi des femmes et des hommes engagés dans des combats humanistes. Comme nous…

Yal Ayerdhal bien sûr mais aussi nos lauréats Jean-Marc Ligny, Joëlle Wintrebert, Philippe Ward, et puis les autres : Roland C. Wagner, Sylvie Denis, Jean-Hugues Oppel, Jean-Bernard Pouy, le juge Alphen, Arnaud Cuidet, Xavier Dollo, Laurent Whale, Estelle Faye, Floriane Soulas et tant d’autres qui ont consacré du temps et de l’intelligence à la transmission d’idées, de valeurs, d’éthique…

Le prix Ayerdhal récompense ces femmes et ces hommes porteurs d’espoir et de chaleur. Ils nous font sentir moins seuls face à l’adversité de notre monde. Oui, nous avions trouvé l’essence profonde de notre prix.

Outre la récompense numéraire, il nous fallait un trophée en adéquation avec ces valeurs et c’est là que notre actuel président, Pierre-Marie Soncarrieu a fait preuve de génie : il a défendu bec et ongle ce projet face à Gabrielle Gauroy.

Mais qui est Gabrielle Gauroy ? Une jeune femme sortie de l’école Boulle, la prestigieuse école d’art appliqué parisienne qui a « un parcours de création très marqué par l'artisanat et des goûts littéraires portés sur la poésie et la philosophie »[1]. Totalement étrangère à la littérature populaire, elle se laisse porter par l’enthousiasme et les arguments de Pierre-Marie qu’elle a rencontré lors d’un covoiturage. Elle accepte le défi car « l'idée de récompenser un auteur pour ses œuvres mais aussi le remercier pour la personne qu'il est, m'a donné envie de mettre la création au service de ces personnalités qui nous construisent et ainsi nous font évoluer ».

Au-delà de la pure démarche créatrice, Gabrielle va plus loin. Une fois la « forme » du trophée validé par les sociétaires, elle décide d’elle-même de personnaliser chaque trophée en fonction de la personne distinguée. Je lui laisse la parole : « La première édition 2020 récompensait Jean Marc Ligny. Afin de marquer l’événement j'ai utilisé des couleurs et matières discrètes mais élégantes. Le trophée était en noyer français (un bois aux veinages chaleureux) car le noyer c'est la mémoire du temps. Les tiges d'acier qui relient les formes pour n'en faire qu'une, étaient en laiton doré. Il y avait une forte symbolique puisque le trophée était réalisé en deux exemplaires afin d'en remettre un à Sara Doke, la compagne de Yal Ayerdhal. Toujours sur cette lancée de personnalisation, Pierre Marie m'avait conté l'anecdote du chapeau du fou dont Yal aimait signer ses livres. Je lui ai donc proposé d'en dessiner un qui deviendrait en quelque sorte l'identité visuelle du prix éponyme. Désormais chaque édition dispose de son chapeau du fou ! L'année d'après, ce fut Philippe Ward, une personnalité chaleureuse et soucieuse de transmission. L'Ariège dans le cœur et devise en poche « Arte borroka irabazi » (Jusqu’à la victoire finale), nous décidions avec Pierre-Marie d'apposer sur le trophée la devise du lauréat. Pour cette édition j'avais choisi un bois rouge à forte symbolique ; le séquoia (un arbre vénéré par les Indiens de la Sierra Nevada qui le considérait comme le géant, aussi appelé « pilier du monde », la longévité incarnée). Les essences d'arbres sont semblables à nos ADN, aussi complexes et parlants ! Pour ce qui est du métal j’avais choisi un aluminium chromé qui renvoie la lumière. Pour l'édition 2022 nous avons continué d'améliorer ce trophée. Afin de faciliter le transport de celui-ci, je fabriquais chaque année un petit coffret et Pierre-Marie s'est aperçu qu'il était dans la vitrine d'un lauréat, ce qui était au départ juste un emballage était utilisé comme présentoir ! C'est ainsi que pour récompenser Joëlle Wintrebert nous avons en plus de sa devise « Tous pareils, tous différents, l'arc en ciel des vivants », réalisé un coffret en bois massif. Les couleurs devaient être douces, lumineuses, j'ai donc opté pour une alliance frêne (bois blanc) et cuivre ! Le frêne étant symbole d'élévation et d'apaisement. Ce fut ma première participation à la remise du prix et je fus ravie de pouvoir rencontrer ces lauréats parfaitement sensibles et à l'écoute de ma démarche, une heureuse surprise ».

La surprise n’est pas que pour toi chère Gabrielle. Témoin de cet événement j’ai été abasourdi par la profondeur de ta conceptualisation de ce trophée qui nous est si cher. Abasourdi et charmé au point de demander à Pierre-Marie tes coordonnées afin de pouvoir écrire cette chronique.

Je sais que Gabrielle est heureuse de réfléchir au trophée qui sera offert cette année à Philippe Caza « je serais ravie de participer à cette récompense méritée, je choisirais sûrement de sortir du traditionnel … ». Et elle a déjà des pistes que je ne dévoilerai pas ici.

Oui, le prix est une véritable fierté pour toute l’association. La récompense heureuse du travail acharné des sociétaires tout au long de ces presque quinze années.

Car le prix Ayerdhal récompense ses récipiendaires mais pas seulement, c’est aussi le nôtre et le vôtre, vous public qui suivez nos festivals et animations.

Jean-Hugues Villacampa
Fondateur, président d’honneur et membre d’imaJn’ère
Fier de l’être

 

[1] Toutes les citations entre guillemets sont les mots de Gabrielle

 

Jean-Marc Ligny et Sara Doke

 

Philippe Ward (et Pierre-Marie Soncarrieu)
Crédit photo : Xavier Dollo

 

Joëlle Wintrebert et Gabrielle Gauroy

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