Un pays de fantômes est un roman de fantasy anarchiste qui met en scène un personnage principal nommé Dimos. Ce dernier est également le narrateur du récit. Ce personnage est un journaliste pour la « Gazette de Borol » qui, au cours de sa mission pour promouvoir l’Empire Borolien, est kidnappé par des brigands. Cette malencontreuse rencontre va pourtant l’amener à découvrir un peuple qui se révèle très intéressant. Ainsi, la Compagnie Libre de l’Andromène Bleue est un groupe où l’indépendance va de soi. Il rencontre notamment Sorros et Nola. Dimos se confronte donc à un tout autre point de vue… Et si la réalité ne serait pas ce qu’elle semble être au départ ?
Ainsi, Dimos commence à s’interroger sur son propre clan. Le lecteur le voit évoluer vers un groupe plus bienveillant, collectif et où le partage et le respect de l’environnement est primordial. Ce journaliste évoque donc ses découvertes et réflexions sur ce groupe méprisé par l’Empire.
Margaret Killjoy nous entraîne au cœur d’un récit de résistance et d’aventure… Elle met en avant, par l’intermédiaire de ces deux groupes que sont l’Empire et La Compagnie Libre, des questions politiques qui font réfléchir le lecteur sur notre monde et notre société. Le premier n’a de cesse de torturer ses opposants tandis que l’autre communique, se montre bienveillant, accueille et écoute les avis divergents. La notion de camaraderie et l’anarchie sont mises en avant pour faire réfléchir le lecteur, expliquer les avantages et les inconvénients et expliquer sans imposer. Tout cela en mettant de réels enjeux à l’histoire notamment par le biais de la liberté du peuple Hron et son combat pour sa survie.
Margaret Killjoy parvient à créer un roman qui explore l’utopie, en posant une société déchirée de toute part et y développe une autre manière de construire une société, un groupe. Il s’agit là plutôt d’une possibilité, d’une ouverture, peut-être même d’une solution. Et cela, non pas au travers de la magie, d’évènements et de créatures fantastiques, mais en valorisant l’humain.
Le lecteur ressort donc grandit de ce récit, tant par la puissance du message que l’autrice a retranscrit que par les personnages, incroyablement touchants qui font écho à bon nombre de passages de l’Histoire. L’autrice nous fait nous interroger sur nos propres valeurs, nos responsabilités, notre individualisme et notre indépendance. Cela nous pousse à remettre en perspective les limites de notre société.
Au-delà de cette position politique que prend Margaret Killjoy, ce roman est profondément humain. Est-ce pour autant une porte ouverte vers un monde meilleur ? Peut-être, peut-être pas. La question a le mérite d’exister au travers de ce roman qu’est Un pays de Fantômes.
Margaret Killjoy est une autrice américaine qui s'illustre dans l'imaginaire. Elle est musicienne et est à l'origine du groupe féministe Feminazgûl depuis 2018.
Elle tient également un podcast anarchiste survivaliste du nom de « Live Like the World Is Dying » et a lancé un autre podcast en 2022, « Cool People Who Did Cool Stuff ». Un pays de fantômes est son troisième roman, sortie en 2014 en Amérique du Nord, et est le premier roman que nous découvrons de l’autrice en France.
Je vous invite à découvrir ce roman et à rester attentif et attentive à ses prochaines sorties.
Karine Boitel