Afterland de Lauren Beukes – Éditions Albin Michel Imaginaire

Afterland est un roman entre dystopie et thriller.

Pour une fois, ce ne sont pas les femmes qui sont les victimes d'une société. Ce sont les hommes. Un virus les a décimés, enfin presque… car il reste quelques survivants dont un jeune garçon nommé Miles. Son immunité le rend précieux, mais c’est aussi une souffrance.
Dès le début du roman, on comprend qu'il a subi un nombre incalculable de tests pour découvrir l’origine de son immunité face à ce virus. Sa mère, nommée Cole, a également subi des tests puisque le gouvernement américain pose l’hypothèse que cette immunité proviendrait du côté maternel. L’oppression est telle qu’ils vont devoir fuir ce laboratoire.
En parallèle, la tante de Miles prénommée Billie a une idée malsaine, celle de profiter de la situation pour marchander le sperme de son neveu sur le marché noir. Cette femme est ignoble et le lecteur la déteste très facilement.
Cole va donc tout faire pour protéger son fils de sa propre sœur, déplaçant l’intrigue dans une course-poursuite effrénée.

Cette intrigue est d’ailleurs bien ficelée malgré l’alternance des points de vue. On suit Cole et son fils dans un chapitre, puis Billie dans un autre et ainsi de suite. Cette narration polyphonique offre ainsi deux visions d'une même histoire.
De même, les personnages sont très bien construits. Cole fait figure de femme forte et de mère prête à tout, même à s’adonner aux pires actes pour le bien de son enfant. Le jeune Miles est quant à lui doté d'une lucidité impressionnante. On observe au fil des pages son évolution et sa construction en tant que garçon sexualisé très jeune, il n’a que 12 ans. Enfin, la tante, Billie, est une femme égoïste et ingrate. Le dégoût qu'elle provoque à la lecture est réussi.

Lauren Beukes évoque dans Afterland de nombreuses problématiques. Premièrement, elle critique le racisme et la peur des étrangers dans la mentalité américaine à travers le métissage de Miles. Elle aborde également les enjeux d’une société matriarcale qui n’empêche aucunement la violence du patriarcat et les mêmes vices du gouvernement. Et cela avec beaucoup d’humour noir et une écriture acerbe. On retrouve par exemple ce contexte politique et sociétal dans le roman Chronique du Pays des Mères d’Elisabeth Vonarburg.
Afterland m’a également fait penser au Crépuscule de Briareus, un roman de Richard Cowper qui, à l'inverse, dépeint une société où les femmes deviennent stériles.

Lauren Beukes est une autrice sud-africaine, scénariste télé et journaliste repentie. Afterland est son 11e roman et elle a obtenu le prestigieux prix Arthur C. Clarke pour son roman Zoo City.

 

Karine BOITEL

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