Quand vient la horde – Aurélie Luong – Scrineo

  1. Thème.

La 4e de couverture nous annonce un roman de Dark Fantasy. Les étiquettes sont pratiques pour les libraires et ratissent souvent large (ou trop étroit, c’est selon…). Cependant, malgré le mot « fantasy », vous ne trouverez dans ce récit ni magie (sauf celle qui réside dans l’âme humaine), ni dragons (bien que certains personnages n’aient rien à leur envier), ni princesse en détresse (quoique…), mais une aventure médiévale passionnante dans une contrée imaginaire.

C’est l’histoire pleine de rebondissements d’un jeune paysan érudit arraché à son village par la fameuse horde qui donne son titre au roman, et qui va se trouver mêlé plus ou moins malgré lui à une vengeance retorse.

  1. Richesse psychologique et littéraire du roman.

Il n’y a pas de bons romans sans un bon scénario. Celui-ci n’échappe pas à la règle, nous happe dès les premières pages, et ne nous lâche plus jusqu’à la conclusion dans un style agréable et fluide. Outre le fil conducteur qui avance au rythme des combats et des relations conflictuelles entre les personnages, on appréciera la qualité de l’intrigue qui alterne les points de vue d’Ivan (le personnage principal), et du mystérieux « Chien ». De plus, Aurélie Luong nous distille au compte-gouttes les révélations qui vont tenir en haleine le lecteur au fur et à mesure que se dévoilent les motivations des divers protagonistes, et qui amènent progressivement à la compréhension des enjeux, et de ce qui se cache derrière les apparences.

Les (nombreux) personnages sont caractérisés de façon très visuelle pour certains, mais beaucoup plus psychologique ou introspective pour les principaux héros. C’est à travers les questions d’Ivan, ses doutes, ses ambiguïtés, ses renoncements, que le lecteur va suivre l’évolution de son comportement et de ses sentiments, une évolution finement menée par Aurélie Luong à travers une plume très sensible. Cette sensibilité de l’écriture se retrouve également dans les attitudes d’autres personnages principaux. Nous ne sommes pas dans leurs pensées, pourtant ce qui passe par les regards à certains moments cruciaux est suffisamment évocateur pour que le lecteur en apprécie toute la subtilité. C’est d’ailleurs l’un des moteurs du suspens, cet instant où l’on comprend les intentions sous-jacentes d’un personnage, et où l’on se demande avec angoisse : « que va-t-il faire ? ». Des choses terribles parfois !

Ajoutons que la description des paysages et des lieux est très évocatrice, ce qui donne une place non négligeable au décor. Si j’osais (et j’ose !), je dirais que la traditionnelle carte qui se trouve au début du livre n’est pas nécessaire : la lecture des paysages, des villages, des villes, se suffit à elle-même.

Pour terminer, le contexte sociopolitique et ses manigances ainsi que les manœuvres militaires et les complots qui en résultent offrent un support plus vaste pour comprendre le monde dans lequel on évolue.

  1. Une histoire sans concessions.

C’est de la Dark Fantasy, on s’attend donc à ce que la vie ne soit pas rose… et on est servi ! Le réalisme des combats, des tueries, des tortures est assez poussé. Non seulement on voit ce qui se passe (parfois de manière détaillée), mais on l’entend, on le touche et on le sent. Lecteurs sensibles s’abstenir.

Mais pour les autres : foncez !

Patrice Verry

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