Les Maîtres des Ténèbres est un récit interactif sorti aux Éditions Gallimard Jeunesse en collaboration avec la maison d’édition associative Le Scriptarium, revisité de A à Z par son auteur Joe Dever en 2007, et dans lequel vous incarnez Loup Solitaire, Initié Kaï, au tout début de ses longues luttes contre les forces du mal.
Se présentant sous la forme d’un grimoire gris à couverture rigide, le contenant rappelle un tome d’annales, dit collector, entièrement réillustré par Richard Sampson qui remplace ainsi Gary Chalk. Au lieu des 350 paragraphes de la version initiale de 1984, il en est ici dénombré 550.
Le tout, réécrit donc plus de 20 ans après, s’accompagne de nouvelles descriptions, d’anciennes revues et enrichies, d’épisodes tout nouveaux avec désormais pour point de départ un héros acteur de la bataille désespérée du monastère Kaï, première cible des assauts lancés sur le Sommerlund par le Maître des Ténèbres Zagarna, afin que la capitale royale ne soit alertée de ses agissements brutaux.
Mais c’est sans compter sur Loup Solitaire, seul survivant du massacre de ses condisciples. Très tôt, il s’impose à nous que toute la région forestière (à traverser pour rejoindre et épauler le roi Ulnar à Holmgard la capitale) est
quadrillée par de sournoises et cruelles créatures. Échapper aux mailles ennemies ne sera pas de tout repos. Sur le qui-vive, nous pouvons prêter main forte à des figures amicales en prise avec l’envahisseur, ce qui offre de multiples combats jusqu’à une bataille capitale, celle du pont d’Alema, aux enjeux beaucoup plus forts et stratégiques que dans le récit de 1984. La tension permanente apporte du sel à l’action.
En sus des deux scores nous définissant, Habileté et Endurance, cinq Disciplines à préférer sur les dix proposées vont procurer, s’il est permis d’y recourir, un meilleur potentiel de réussite pour franchir différents passages de l’histoire. Nouveauté : quelques Disciplines grandissent en utilité comme le Camouflage, qui aidera entre autres à esquiver les tirs ennemis. Un dé à 10 faces (ou remplacé par la table de hasard) ouvre sur plein de tirages, liés à la simple chance ou non, avec pour certains un degré de dangerosité élevé, voire mortel selon la nature des tests endurés.
L’histoire narrée par un maître conteur, fort de tout le bagage d’écriture acquis dans la rédaction des différents cycles de Loup Solitaire, ne souffre d’aucune longueur et gagne par rapport à la précédente version en intensité dans les scènes d’invasion ennemie. Un lieu tel que le monastère Kaï, qu’en introduction nous découvrions par les yeux de Loup Solitaire en tas de ruines fumantes dans le livre d’origine, est mis à l’honneur dans la version longue, avec moyen de l’explorer et ce, même au pas de course car submergé par l’ennemi, lors d’une multitude de lâchers de Gloks du ciel par des Kraans.
D’une difficulté accrue, l’ouvrage n’en est pas moins jouable à la loyale pour peu qu’on s’équipe bien, fasse un choix pertinent en Disciplines, et en surprendra jusqu’à la fin plus d’un rien qu’avec certains monstres introduits, le récit assorti de bons clins d’œil à des tomes ultérieurs.
Tant les fans de la première heure que les personnes qui débutent dans les Loup Solitaire apprécieront de redevenir un légendaire rempart du Sommerlund, fabuleux pays que l’auteur s’est plu à détailler davantage qu’en 1984, offrant une vraie mine d’informations sur ses particularismes.
Sébastien Juguet
Pour creuser le sujet, vous pouvez retrouvez la BO officieuse des Maîtres des Ténèbres par GNOLL