Et si vous teniez entre vos mains le livre de votre histoire ?
Par où commencer… La mer sans étoiles c’est avant tout le deuxième roman d’Erin Morgenstern. Après un silence de presque 8 ans, l’auteure américaine nous offre ici une deuxième pépite littéraire. Son premier roman Le cirque des rêves étant un de mes premiers amours dans la littérature fantastique, je n’ai donc pas hésité une seconde avant de plonger dans la Mer sans étoiles.
« C’est étrange, non ? D’être amoureux d’un livre. Quand les mots sur les pages te deviennent si précieux que tu as l’impression qu’ils font partie de ta propre vie, parce que c’est effectivement le cas. »
Zachary Ezra Rawlins est un jeune homme menant une existence des plus classique. Etudiant dans les nouveaux médias, et de nature solitaire, il aime oublier sa réalité en se perdant dans les livres. Mais le jour où il tombe par hasard (ou par destin, qui sait ?) sur un mystérieux livre, sans titre, ni auteur, Zachary va voir sa vie prendre une tout autre tournure. En effet, il se trouve que le livre en question relate un souvenir caché de son enfance dont lui seul en est le gardien. Perplexe et intrigué, il va donc enquêter sur la provenance de cet ouvrage et tenter de comprendre pourquoi son histoire personnelle prend place dans ce récit. C’est ainsi que l’épopée de notre héros débute et le mènera dans les tréfonds de la Terre, dans des labyrinthes souterrains, où les histoires prennent vie et où chacun peut y laisser sa trace. Il y croisera divers personnages haut en couleur, tout droits sortis de récits parallèles comme le Destin, le Temps, les abeilles, Mirabel, le roi des chouettes…
Une structure littéraire bien particulière
Je ne saurai réellement mettre de mots sur ce roman. Je pense tout simplement que je suis tombée amoureuse de ce bouquin de par sa poésie, sa justesse, sa féérie et surtout pour sa capacité à perdre le lecteur dans le récit. Et pour cause, la particularité de ce roman réside dans sa surprenante construction narrative. Au fil des pages, le lecteur navigue entre plusieurs intrigues, mêlant le mythe, la légende, le conte ou encore le journal intime, qui ne sont aucunement liés…du moins c’est ce que l’on croit. Parce qu’en fait, il s’agit d’un énorme Tetris où les histoires s’imbriquent et prennent sens au cours du temps : de quoi vous retourner l’esprit !
« Elle créa non pas une histoire, mais plusieurs. Des histoires dans des histoires. Des énigmes, des fausses pistes et des fausses fins, en pierre, en cire et en fumée. Elle fabriqua des serrures dont elle détruisit les clés. Elle trama les récits de ce qui devait arriver, de ce qui pourrait arriver, de ce qui était déjà arrivé et de ce qui n’arriverait jamais et les enchevêtra ».
Je ne vous cache pas, qu’au début, le lecteur est déstabilisé parce qu’on a l’impression que quelque chose nous échappe. En effet, l’auteure joue avec le lecteur et crée un véritable jeu de piste où les énigmes affluent et où chaque indice est subtilement intégré au récit. Il revient donc au lecteur de porter une attention particulière à chaque intrigue pour parvenir à déceler ce qui les lient.
« A ceux qui cherchent, à ceux qui trouvent. »
Pour ce deuxième roman, Erin Morgenstern nous confirme, encore une fois, ses talents de conteuse et réussit haut la main à capturer le lecteur dans sa vaste toile littéraire. Elle réussit avec perfection à explorer la richesse et les trésors de la narration en donnant des clés sur ce qu’est finalement une histoire. Et que finalement, notre réalité n’est qu’un carrefour d’histoires qui s’emmêlent.
Pour conclure, la mer sans étoiles, c’est une quête de soi, de l’autre, de nous. Alors si vous souhaitez découvrir les coulisses de votre réalité, je vous invite vivement à entrouvrir la porte de votre histoire, comme Zachary, afin de prendre le large pour la mer sans étoiles.
Rose Meyer