On dit souvent que dans une enquête policière, un second point de vue permet de mettre en lumière de nouveaux éléments. Quand est-il alors avec huit points de vue ?
Dans Les Sept Morts d’Evelyn Hardcastle, c'est une véritable course contre la montre que doit jouer Aiden Bishop pour élucider en huit jours le meurtre d'Evelyn Hardcastle, fille des hôtes d'une soirée mondaine, qui se rejoue inlassablement. En effet, à la façon d’un jour sans fin, la journée et ses évènements se répètent indéfiniment.
Et pour son enquête, Bishop possède une capacité : chaque jour, il habite un nouvel hôte qui lui permet d'assister à la scène de façon différente. Ce n'est pas uniquement le point de vue de ce nouveau corps qu'il adopte mais également sa personnalité et sa façon de penser. Il faudra d’ailleurs parfois lutter pour réprimer les pulsions de ses hôtes les moins fréquentables.
Seulement, Bishop n’est pas seul dans cette course et d’autres personnes semblent avoir le même objectif que lui. Dans quel but ? Qui est Anna, seul souvenir de Bishop au début de l’œuvre ? Et quel rôle joue ce mystérieux personnage vêtu d’un costume de médecin de peste ?
J’ai personnellement beaucoup apprécié cette œuvre. Si le premier chapitre est un peu rébarbatif car nous mettant en relation avec un amnésique qui découvre la scène se présentant à lui, le style change complètement dès le deuxième chapitre. C’est à ce moment-là que le côté fantastique du roman nous saisit, à ce moment très précis où la porte d’entrée est ouverte. Alors que je connaissais le concept de l’œuvre, je n’ai pas pu m’empêcher de me sentir aussi déboussolé que Bishop découvrant peu à peu sa situation.
Au rythme de l’histoire et des différentes incarnations, on se rend compte qu’une même situation, banale lorsque Bishop se glisse dans la peau de tel personnage, peut être vécue comme une épreuve pour un autre avatar. C’est le cas avec l’incarnation en Ravencourt, un des hôtes de la soirée, qui se révélera être un handicap pour se déplacer dans le manoir mais un esprit formidable pour rassembler les éléments du puzzle. C’est cette proximité avec les personnes qui, selon moi, fait d’autant plus apprécier chacun d’entre eux et donne envie de connaître la suite.
Stuart Turton est un auteur britannique, diplômé d'anglais et de philosophie. Turton n'a peut-être publié qu'un seul roman jusqu'à présent, mais quel roman ! En effet, il a reçu un certain nombre de prix : celui du meilleur premier roman aux Costa Book awards et celui du meilleur roman des Books are my bag Readers Awards de 2018. Il fut également nominé en 2019 pour les concours de Strand Magazine Critics Awards et The Glass Bell Award.
A ce jour, Les Sept Morts d’Evelyn Hardcastle s'est vendu à plus de 200 000 exemplaires dans 28 langues différentes. On peut espérer que son auteur nous écrive de nouvelles perles tout aussi passionnantes.
Jean-Guilhem Soncarrieu