« Ecce homo ! ». Vous en êtes un autre !

La rubrique de Tyrannosaurus Imperium.

Quand Jean-Hugues Villacampa est venu me voir, rampant, pour me supplier de participer à son ignoble feuille de chou « La tête dans les étoiles », ma première réaction a été de l’attraper de ma patte griffue afin de le dévorer… Mais sa migration angevine lui ayant fait prendre quelques dizaines de kilos (ils le nourrissent bien en province), sa calvitie s’étendant de plus en plus, je le reposais prudemment afin d’épargner mon taux de cholestérol.

« OooOOoo grand reptile anti-diluvien ventripotent, toi qui a connu les plus anciens de nos auteurs de science-fiction, leur monde, leurs écrits et leurs critiques, éclaire-nous pauvres humains de tes connaissances » bégaya l’humain… « Toi, dont la vieillesse a permis de connaître les débuts de la télévision cathodique en noir et blanc, enseigne nous les chemins du bon choix de nos lectures des temps (très) passés. »

Je venais d’ingérer une demi-douzaine d’étudiants nourris au Burger/Kebab/Pizza bien gras – moi je ne regrette pas les années 70, les étudiants étaient tout maigres et absorbaient des substances qui avait des effets néfastes sur mes capacités de jugement – et étais donc d’une humeur benoite.

« Connais-tu Stan Barets, bedonnant disciple ? »

 

Stan Barets, ce critique à la plume trempée dans la bave de crapaud vitriolée…

En 1975, sous l’impulsion de quatre grands gamins nait un magazine de bandes-dessinées qui laissera une marque indélébile dans le XXème siècle : Métal Hurlant ! Des génies libertaroïdes (dont Moebius et Druillet) révolutionnent le genre en ouvrant leurs pages à des Bilal, Corben, Chaland, Clerc et autres Jodorowski (Tardi, Gillon, Caza …). Résolument orientée vers la science-fiction, la joyeuse équipe à l’époque ne fumait pas que des gauloises[1] et il sortait de leurs brainstormings élucubratifs des idées qui ont révolutionné la bande-dessinée mondiale.

Dès les premiers numéros, des chroniques science-fiction et BD parsemaient les pages du magazine. Les  chroniques SF étaient sous la tutelle de Stan Barets. Ce gamin[2] au parcours universitaire brillant (Cambridge), libraire spécialisé SF (Temps futurs) décortiquait avec une intelligence digne de mon respect (si il n’avait pas été humain) les sorties SF des différents éditeurs de l’époque. Son œuvre la plus remarquable reste « Le catalogue des âmes et cycles de la SF » dont il existe deux éditions : une beige et une grise toutes deux sortie chez « Présence du futur » et dont la seconde (la grise) comportait un cahier photo avec les acteurs/auteurs majeurs de la SF mondiale (français compris). Il existe une troisième édition de l’ouvrage en deux volumes baptisée « Le science-fictionnaire »[3]. Le tout reste un ouvrage de référence pour le néophyte qui ne bénéficie pas de la proximité d’un bouquiniste averti comme à Angers par exemple[4]. Il permet de filtrer les innombrables ouvrages mineurs (mais non sans intérêt !) de certains auteurs majeurs. John Brunner par exemple, est l’auteur de livres « alimentaires » écrits rapidement qui lui permettaient de payer les factures et lui laissaient le temps de réaliser les chefs d’œuvres « Tous à Zanzibar », « Le troupeau aveugle », …Une notice biographique suivi d’une bibliographie choisie commentée, le tout rangé par ordre alphabétique d’auteurs permet au lecteur avide de genres ou de styles de se retrouver dans les chemins tortueux de la jungle (même pas jurassique) de la SF internationale.

Les chroniques des livres sont beaucoup moins acides  que celles du magazine (cherchez en un ou deux, c’était une vraie réussite !). Stan Barets a un défaut majeur : il n’aime pas Alfred Eton Van Vogt ! Son côté branchouille ! Comment ne pas apprécier l’auteur du pré-alien (« La faune de l’espace »), le créateur du non-A qui a déclenché tant de vocations philosophiques… J’y reviendrai un autre jour.

Qu’est devenu Stan ? Aux dernières nouvelles, rédacteur en chef d’un magazine de charme[5] Playboy, où il regrettait de ne pas choisir les modèles (juste les planches photos américaines) mais où il publia quelques ouvrages SF et polar avec des couvertures-photos où s’étalaient des femmes humaines dénudées sans aucun intérêt. Depuis plus de nouvelles du libidineux critique expert…

 

Tyrannosaurus Imperium

 

[1] Cigarettes de tabac brun sans filtres que fumaient les prolétaires et les gauchistes de l’époque. Référence au fait que les jeunes fumaient parfois des cigarettes de feuilles de cannabis séchées et coupées en morceaux qui procuraient une variation des perceptions (Note de l’Auteur)

[2] Aujourd’hui 60 ans (Note de la Rédaction)

[3] Il mollissait… (NdlA)

[4] Et après on me traite de lézard ventripotent… (NdlA)

[5] Bouquin de c… (NdlR)

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