Metal Adventures !
Je suis un pirate de l’espace… Enfin !
Arnaud Cuidet est un digne représentant de la troisième génération des créateurs de Jeux de Rôles (JdR). La première, dans les années 80, est représentée par des hommes comme Didier Guisérix (rédac-chef du Casus Belli historique avec François Marcela-Froideval), Fabrice Sarelli (Hexagonal), les frères Balcezac (Jeux Descartes) et quelques autres qui ont défriché les sorties américaines pour les faire connaître au public français, ont fréquenté la rue d’Ulm (Normale Sup a été le terreau du Donjon et Dragons à « la française ») et ont « préparé le terrain » de la seconde génération des années 90. Et là c’est un festival, s’appuyant sur la première génération et leurs mauvaises expériences du monde de l’édition un pool incroyable de créateurs vont donner les plus belles œuvres de la création rôlistiques mondiales (si, si !).
Des personnes devenues célèbres dans la littérature de fantasy et de science-fiction sont directement issues de ce creuset : Fabrice Colin, Pierre Grimbert, Stéphane Marsan, Matthieu Gaborit et bien d’autres. Trois éditeurs sortent du lot, Asmodée/Siroz (avec Croc) publient « In nomine Satanis », « Bloodlust », « Bitume » « Nightprowler », etc…, Jeux Descartes « Légendes » « Maléfices » « Mega » « Thoan » et Multisim avec « Agone » « Guildes » « Rétrofutur » « Néphilim ». Les productions de ces différentes équipes de créateurs sont tout simplement géniales. Mais le milieu des jeux de rôles n’est pas rentable, les équipes qui ne se reconvertissent pas rapidement dans des jeux de société à destination du grand public s’effondrent. Le modèle économique du JdR ne permet pas de dépasser le stade des mini-structures sans plonger immédiatement dans le gouffre. Pourtant la troisième génération est en train d’éclore représentée magistralement par des parias qui ont trainé leur cerveau dans les différentes équipes de seconde génération. Sébastien Célerin et Arnaud Cuidet par exemple en sont des représentants types. Dotés d’un pouvoir créatif qui n’a rien à envier à leurs anciens, dotés très vite de l’expérience de l’échec de la seconde génération, ils font preuve d’un pragmatisme à toute épreuve, ne leur manque plus qu’un « sponsor » pour exciter leur esprit d’entreprise… Une nouvelle révolution est en marche ?
En attendant Arnaud nous a concocté pendant de longs mois un petit bijou à consommer sans modérations : « Metal adventures ».
« Seule, nue, cruelle… »
Comme son nom ne l’indique pas (de façon assez étonnante d’ailleurs !) ce JdR a pour thème les pirates de l’espace. Pur jeu de Space Opera, vous interpréterez un/une pirate partant pour des aventures spatiales débridées. Courses, abordages, poursuites, partages de butin, accidents spatiaux, extra-terrestres et mutants, tout est là pour une activité pirate jubilatoire. Comme toujours avec Arnaud, les règles sont présentées avec clarté, rigueur (Multisim lui avait confié les règles de combat de la dernière édition de Néphilim) et beaucoup d’humour[1]. L’ambiance est un pot-pourri entre le space opera classique et la flibuste du XVIIIème avec des références fréquentes aux traditions pirates (rhum, butins et Île de la Tortue »).
…l’aventure spatiale, l’héroïsme et le panache…
La richesse de l’univers et la qualité des suppléments rend le jeu « éternel ». Les règles de base sont présentées en quadri avec une iconographie riche et nous sommes accompagnés dans la lecture par Stella Bell, capitaine pirate, généreusement fournie par la nature (hommage à Julie Strain) au courage et à l’esprit acérés. Que vous soyez débutants ou expérimentés dans le JdR si l’aventure spatiale, l’héroïsme et le panache vous attirent, « Metal adventures » est fait pour vous[2] !
Jean-Hugues Villacampa
[1] Arnaud m’avait demandé quel défi je lui imposerais pour son jeu et je lui avais dit que le texte devait commencer par « Seule, nue, cruelle… » : Fait !
[2] Sont sortis « Le manuel des joueurs » qui permet de jouer, « Le guide du meneur » révèle les secrets du monde, et deux suppléments destinés à enrichir l’univers : « La prise et le profit » (aaaaah !) et « La guerre et la désolation » (argh !)