Une petite cinquantaine de livres et de BD ou Comics avec plus ou moins de réussite. Des choses comme ma réédition de Dredd à qui je consacrerai une chronique complète dans les semaines qui viennent et puis de véritables bouses que je n’évoquerai que si on me chatouille un peu trop sur le sujet des intellectuels de l’écriture et qui m’auraient fait pleurer de rire si je n’en avais pas acheté certains.
Allons-y pour les plus ou moins bonnes surprises :
Animosity. Chez Snorgleux Editions. Scénario : Marguerite Bennet. Dessin : Rafael De Latorre
Le volume 1 sur 2, prêté par Pierre-Marie. Les quinze premières pages sont un véritable régal. Pour des raisons inconnues, les animaux acquièrent spontanément de l’intelligence. Le problème est que la majorité d’entre eux a des comptes à régler avec les humains. Les oiseaux mais aussi les animaux de ferme, les chevaux et tant d’autres. En revanche, l’héroïne, une petite fille est avec son gros chien quand « la prise de conscience » arrive. Le chien se tourne vers elle et lui dit « Je t’aime ». La petite fille est à peine surprise, prend la bête dans ses bras et lui dit « Moi aussi je t’aime ». Tiens, rien que d’en parler…
L’album est découpée en tranches temporelles à quelques semaines l’une de l’autre. Dans la seconde période la situation s’est en partie apaisée. Passées les premières pages, on se rend bien compte que les animaux vont tomber dans les mêmes travers que les humains mais on s’amuse encore.
Bon et puis désespéré, j’ai plongé dans mes 10/18 non lus et j’en ai pris deux.
Sbang Sbang chez 10/18 de Claude Klotz
J’avais gardé de Claude Klotz (le vrai nom de Patrick Cauvin), l’excellent souvenir de sa collaboration avec Gourmelin : « Les innommables » où il nous contait avec un décapant humour noir les tribulations d’un homme préhistorique.
« Sbang Sbang » est une ode à la ville de Marseille, au travers de la biographie du héros, grand fan de films de western, tout comme l’auteur des années 40. Ce court roman biographique nous donne la vision de cet homme au travers de sa vie de tous les jours déformée par la lentille du cinémascope du grand ouest, et c’est un régal. Les analogies western / vie marseillaise sont déclamées avec un brio d’une rare violence et la construction sémantique même du roman est digne d’un Boris Vian. Court roman à ne pas hésiter à mettre dans sa bibliothèque pour prendre, chers amis écrivains, une leçon d’humilité linguistique.
Pizza Face chez 10/18 de Ken Siman
Le roman m’avait été chaudement recommandé par un ami « lettré » et je profitais du désert littéraire populaire dans lequel je m’étais noyé pour lire ce court texte. J’en suis sorti mitigé. Son avant-gardisme pour un roman des années soixante s’expliquant surement par le fait qu’il a été écrit en 1992 et là ça casse un peu. Andy le pauvre héros de ce récit est un jeune homme doté d’un faciès épouvantable lié à une acné purulente très envahissante qui va lui empêcher d’avoir… des amis mais lui permettre de posséder le pseudo attachant de « Tronche de pizza ».
Il est un immense fan des hommes politiques de son pays et collectionne les objets qui leurs sont dédiés, comme badges, posters ou autres. Il a une affection particulière pour Jimmy Carter. Pour les plus jeunes d’entre vous, Jimmy Carter est LE président des Etats Unis le plus… insignifiant p’tet’ ? En revanche, il se cassait très souvent la g… On assiste à la vie de ce jeune homme, de la découverte de son homosexualité, des extrémités dans lesquelles il va tomber… Avec une sorte de détachement liée très certainement au fait que je ne suis pas états-uniens et que les problématiques me sont étrangères, même si je les comprends. Mais le format du roman permet de passer outre ce petit défaut.
Sombres cités souterraines chez Les Moutons Electriques de Lisa Goldstein
Alors pour celui-là, il faut bien le reconnaître, c’est André-François Ruaud qui m’a mis l’eau à la bouche, décrivant de manière dithyrambique l’œuvre de l’écrivain. Les Moutons ont édité trois ouvrages de la dame dont un paru à Présence du Fantastique réédité chez Hélios.
Je suis un grand fan de Neil Gaïman que ce soit en tant qu’écrivain ou comme scénariste de Comics, et j’ai raté peu de choses du bonhomme. En plus pour ne pas vous mentir c’est Jacques Sadoul himself qui me l’a fait découvrir à la fin des années 90. L’éditeur avait créé pour sa publication une collection grand format : Millenium qui deviendra Millénaire pour des raisons de droit.
Et bien Lisa Goldstein m’a puissamment évoqué le talent de l’imaginaire de Gaiman avec quelques différences de taille : un style plus léché extrêmement poétique et évocateur. L’érudition de Lisa Goldstein est démontrée par un grand nombre de références dont certaines m’ont sûrement échappées.
L’histoire est simple et part du principe que, contrairement à ce que le monde peut penser, les magnifiques histoires écrites par la mère du héros ne sont pas de son fait mais sortent de l’expérience vécue du jeune homme.
Il existe un monde souterrain qui, en rapport avec le métro de grandes villes, voit vivre des créatures surnaturelles qui s’affrontent loin des yeux humains. Ceci dit, ce combat n’est pas sans conséquence et la clé permettant de résoudre le dilemme n’est autre que ce jeune enfant devenu aujourd’hui un vieil homme. Une journaliste bien trop curieuse va raviver tous ces destins en sommeil.
Une bien jolie histoire très joliment écrite et qui vous laissera quelques jours dans un monde coincé entre la réalité et Le-Monde-D’en-Bas.
Jean-Hugues Villacampa