La rubrique de Tyrannosaurus Imperium.
Ce très jeune auteur de SF, tel un Nabokov moyen, est né en Russie, juste le temps de préparer ses valises pour partir trois ans plus tard aux Etats Unis. Ses parents juifs (lui sera athée) installent leur boutique à Brooklyn où ils vendent, entre autres choses inutiles, des magazines de science-fiction que le petit Isaac dévore (le veinard !). Master en chimie, doctorat en biochimie à Columbia, Asimov écrit quelques nouvelles. Et ce sacré John Campbell (Astounding stories) le repère et l’édite. Il devient un auteur majeur de la SF américaine. Jusqu’en 1958, il a une vie « normale » : métro / boulot / armée / viré. Son licenciement l’engage complètement dans la vie d’écrivain.
…un mégalomane invétéré…
Le moins que l’on puisse dire est qu’Isaac sera extrêmement prolifique. Ses œuvres se comptent en centaines (plus de 50 romans, plus de 250 nouvelles) de la science-fiction au polar en passant par la vulgarisation scientifique (d’excellente qualité).
Le bonhomme n’a cependant pas que des qualités, c’est un mégalomane invétéré, et ses introductions de nouvelles sont un hymne à sa gloire, son intelligence et son talent d’écrivain… Dur…
…mais tout ça, on s’en moque…
Heureusement, il est souvent drôle et très humain, il fera d’ailleurs partie de plusieurs groupements humanistes et scientifiques, mais tout ça, on s’en moque… Il meurt du SIDA en 1992 et si vous souhaitez pleurer, vous pourrez lire « Moi, Asimov » une autobiographie terminée par sa femme (l’écrivain Janet Jeppson) alors qu’il était à l’agonie.
Oui, mais bon, on lit quoi alors ?
Asimov a beaucoup écrit avec deux orientations majeures : Les robots (le mot « robotique » c’est lui !) et le cycle de Fondation sont considérées comme ses œuvres majeures.
Le cycle des robots est essentiellement composé de nouvelles. Asimov pose les trois lois de la robotique (que l’on retrouvera ensuite PAR-TOUT). Première Loi : « Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger. » ; Deuxième Loi : « Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la Première Loi. » ; Troisième Loi : « Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n'entre pas en contradiction avec la Première ou la Deuxième Loi. ». Bon, ça parait simple comme ça, mais les nouvelles sont essentiellement des exercices de détournement « logiques » de ces lois. Personnellement je conseillerais de les lire peu à peu, et surtout les romans consacrés au cycle : « Les cavernes d’acier », « Face aux feux du soleil ». Lester Del Rey avec l’accord d’Asimov, démontera proprement les trois lois dans « Une morale pour Sam ». Une loi Zéro est apparue dans « Les robots de l’empire » : Un robot ne peut ni nuire à l'humanité ni, restant passif, permettre que l'humanité souffre d'un mal.
Une fois cette friandise consommée, reste le cycle de Fondation : la psychohistoire est en route. Histoire du futur, Fondation renouvelle le genre dans son approche cartésienne du futur. Le cycle commence à la chute d’un empire galactique. Des historiens si pointus qu’ils prédisent sans failles les réactions des grandes masses de population. C’est John W. Campbell qui pousse Asimov à développer son cycle et plus tard interviendront dans le cycle (sous forme de préquelles pour la plupart) des auteurs de renom comme Sheckley, Silverberg, Pohl, Orson Scott Card et bien d’autres…
…thématique thermodynamique de la sociologie…
Autant l’intérêt des développements sur les robots peut paraître discutable, que cette kyrielle d’écrivains planchant sur la thématique thermodynamique de la sociologie apporte vraiment et du sang neuf et des concepts d’une rare intelligence.
Et sinon ? Si vous êtes fans de nouvelles, laissez-vous aller, personnellement, à quelques unes près, je les trouve souvent surclassées par la production actuelle (au contraire de celles de Fredric Brown par exemple). Quant à son cycle de nouvelles policières « Les veufs noirs », cela ne vaut pas grand-chose. Les adaptations cinématographiques de ses œuvres sont au mieux médiocres (dont le pathétique « I, Robot ») et il faut savoir que la Warner a acheté les droits de Fondation il y a quelques années, oui, je sais ça fait peur. Restons optimistes, le type qui adapterait le premier opus est l’un de ceux qui avait bossé sur « Le seigneur des anneaux » avec un résultat plus que moyen. Ne vous méprenez pas sur mes propos un peu radicaux (mon coté reptilien ça…). Asimov est un monstre de la SF, il a inspiré Lucas (qui aurait dû le relire avant de commettre « La menace fantôme ») et de nombreux autres très grands écrivains.
Tyrannosaurus Imperium