La rencontre avec l'auteure
Roxane, comme à mon habitude, quand je parle d’une œuvre j’aime bien situer le contexte dont le résultat est un énième livre à lire alors que, tel un Pokemon, ma PAL a évoluée en BAL depuis bien longtemps et que clairement, mon sens des priorités aurait dû faire que je ne touche pas un livre avant un moment.
Pas de chance, dans mon entourage se love un vil tentateur. Non pas un Saurien, mais un Batracien. Tu le connais bien, ayant partagé la mare avec lui. Aussi rendons à césar ce qui lui appartient et laissons à Patrice la responsabilité de ma lecture, objet de cette chronique.
Me motivant pour une soirée littéraire à la bibliothèque municipale. Tel un maitre corbeau coiffé d’un chapeau, il me tint un langage dans lequel une phrase doit être retenue. « En plus il y aura hum hum » devant un de mes regards qui n’a rien à envier aux bœufs voyant passer un train (j’avoue je n’ai pas retenu ton prénom, faut dire que j’ai aucune mémoire des noms et régulièrement, je ne sais plus si je m’appelle Pierre ou Marie. Quelle vilénie. Mais ce n’est pas le sujet, il ajouta : « mais si, elle est venue au salon l’an dernier. En plus c’est une grenouille. » Ha bah, si j’ai la chance de croiser les amis pataugeurs de Patrice, alors pourquoi pas, allons en soirée avec lui. Batraciens et bovins peuvent bien faire la paire. Je suis sûr qu’un père littéraire de notre patrie a écrit une fable sur le sujet. Bref, bien m’en a pris car, dans ce palais du savoir, nous y divergeâmes, mangeâmes et écoutâmes beaucoup de chose entre sociétaires bien peu anonymes mais alcoolique unanime, jusqu’au moment où la sentence tonna à mes oreilles tel le glas de l’Ankou : « Ah, la voilà »
Connaissant Patrice, je savais ne pas m’attendre à un palmipède à la peau caoutchouteuse et au rire croassant. Bien que l’intérêt pour notre salon, dont le thème du monstre rappelle sans efforts le Chtulhu, en serait sorti grandi. Un auteur aquatique au lien de parenté avec les profonds, c’est abscons mais digne d’intérêt.
Puis, je te vis arriver : avec la présentation que m’avait fait notre trésorier, je m’attendais presque à tomber nez à nez avec la personnification d’une naïade, sortant d’un lac, triomphante, portant Excalibur à bout de bras vêtue en tout et pour tout d’une tunique vaporeuse aux reflets liquides. Forcement ce ne fut pas le cas. Au lieu d’Ariane je rencontrai Roxanne. A une syllabe près, on y était.
Aussi, en présence de la romancière aux yeux clairs, dont le timbre de voix, que vous découvrez peut être sur nos ondes, qui n’a d’égale que le rythme de sa verve couchée sur le papier. Je me permets de parler d’un de ses romans et des raisons d’une rencontre fortuite mais de bon augure.
Scorpi Tome 3
Scorpi. Que pourrais-je en dire ? Un série fantastique, pour adolescents, qui n’a pas à rougir d’être placée entre Phénomènae d’Erik l’homme et Monstre d’Hervé Jubert. Le nom de la série renvoie à une célèbre dynastie éponyme de tueurs à gage. Pas de ces tueurs à gage que vous pourriez croiser au hasard des pages de Graham Greene ou d’une chronique de julien Vedrenne, qui brille par son absence. Non, cette famille appartient aux familles de l’ombre. On ne sait que peu de chose sur celles-ci. Terreau fertile pour l’imagination et héros fébrile dans leurs pérégrinations. Ces êtres savent marcher dans les ombres (le terme est tiré de tes romans et sous-entend une presque téléportation), tue sur commande mais avec humanité. Comprenez par là qu’ils sont assez discrets pour assassiner poliment et avec imagination tous les être corrompus dont la tête est mise à prix et ainsi préserver une certaine humanité à notre société. Et à côté de ça, nous avons Charlotte, dont la douceur n’a d’égale que la pâtisserie de même nom.Quelles sont les raisons qui pourraient faire entrer en collision cette petite blonde pétillante, à la vie bien rangé de comptable et le duo Adam/Elias, les deux frères tueurs à gage psychopathes. Si vous voulez le savoir, lisez le premier tome (c’est un ordre), pour ma part, je me permettrai l’outrecuidance de ne pas m’étaler sur la totalité de la série mais de me concentrer sur le dernier tome sorti.
Le tome trois donc. Charlotte vit maintenant dans le manoir Scorpi, telle princesse Sissi. Entourée de la famille de son épris, aussi peu humain que lui. Le reste du personnel n’est pas en reste car l’ensemble des brigades domestiques est exclusivement composé de créatures fantasques et fantastiques. Des fées en cuisine, des trolls au jardin, des kobolds à l’informatique et des elfes en livrée comme domestique. Pour l’adaptation Sissi chez les Scorpi, on repassera. Seule ombre au tableau de cette vie fantastique, les absences répétées mais programmée d’Adam. Et oui, quand on est un tueur à gages on a souvent du pain sur la planche, parfois même des hommes. La dernière en date, c’est une histoire de caïman un peu récalcitrant jusqu’à l’heure du goûter. Mais tant pis, Charlotte s’adapte. Surtout que pour son anniversaire, son fiancé lui a réservé une surprise qui plairait à tout le monde : la venue de sa meilleure amie. Enfin, ça plaît à tout le monde sauf à Charlotte qui se demande bien comment elle va pouvoir expliquer à son amie que les trolls, les elfes et toutes les autres créatures dignes d’un bon roman, existent bel et bien. Ananas sur le kouglof, le futur beau grand père vient lui aussi et offre à Charlotte un jeu de piste pour gagner son cadeau d’anniversaire. Jeu de piste qui l’emmènera à Venise. Un vrai conte de fée, les fées en plus. Mais Charlotte n’est pas dupe et sent bien que quelque chose de louche se trame. Ses soupçons sont bien vite confirmés par Adam qui lui apprend qu’un congrès de Geistjägern se tient justement à Venise. Pour les élèves du fond qui ne se souviennent plus ce qu’est un Geistjägen, il s’agit d’être qui chassent les créatures fantastiques. Alors forcément, les Scorpi ne peuvent envoyer l’un des leurs. C’est donc Charlotte qui s’y colle. Et c’est à partir de là que tout part en cacahuète.
Pierre-Marie Soncarrieu