Pour tous ceux qui ont lu, et apprécié « la guerre des chiffoneurs », qui furent, sont et seront adeptes de tous les space-opéra, que ce soit en films, séries, livres. Ceux qui n’ont pas peur des petits hommes verts ni des grands hommes blancs. Ou plus simplement, qui sont fans de notre excellent Thomas Géha, ce livre est fait pour vous.
Imaginez-vous. Ou plutôt, imagineznous, êtres humains, explorateurs et colonisateurs interstellaires. Dans quelques années (oui il y a de l’euphémisme, et alors ?), nous irons, à l’image des sauterelles, en bande. Nous sauterons de
planète en planète, les occupants, les colonisants, puis repartirons vers l’infini et au-delà, à la conquête de nouveaux horizons. Tout en laissant quelques groupes s’occuper de l’exploitation des nouvelles colonies. Seul problème dans cette anticipation : Et si nous découvrions d’autres espèces intelligentes, que se passerait-il ? Et bien dans cette œuvre nous sommes en guerre. Plus exactement, nous aurons été en guerre.
Le livre commence par une bataille spatiale, enfin plutôt un massacre spatial. Notre héros sert comme tireur d’élite sur un vaisseau de guerre spatial. Et ce dernier vient de prendre très cher et ne s’en sortira pas. Celui qui sera notre
personnage principal, court vers une capsule de sauvetage, histoire de sauver sa peau. Il a à peine le temps de programmer la direction vers la planète insignifiante au dessus de laquelle à eu lieu ladite bataille, avant de se retrouver en sommeil cryogénique. La suite de l’aventure se passe sur la planète, l’homme se fait sortir de son
cryo-sommeil par deux hommes et une femme, et là, stupeur, il apprend qu’il a dormi près de 250ans. Le bon coté est qu’il a eu le temps de rêver. A quoi ? Mystère. Ce qui est sûr c’est qu’en 250ans, il s’en est passé des choses, l’ennemi d’hier est l’allié d’aujourd’hui. Premier chapitre bref mais intense, il donne le ton au reste du livre.
Notre héros, au doux nom de kee Carson, apprend qu’il n’y a nul espoir de quitter cette planète, et de toute façon, où serait il allé? Il est recueilli par un clan de nomade nommé “la tribu de l’espace”. Ce clan est un regroupement
d’humains et de salamandres. Les salamandres sont l’espèce ennemie des humains lors de la guerre pendant laquelle Kee Carson servait. Comprenez sa difficulté d’adaptation. Qu’est ce qui a pu pousser ces deux races à mettre de coté
leurs différents au point de vivre ensemble? Et bien ce sont les autochtones qui ne sont pas spécialement ravis de voir débarquer les représentants des deux espèces qui ont ravagé leur planète. Et tout cela à cause d’une guerre qui ne les touche pas. Reste donc à Kee de s’adapter à tous ces changements. Ceux qu’il connaissait sont tous mort depuis longtemps, les mondes qu’il a connu ne sont plus que des souvenirs inatteignables, et les valeurs avec lesquelles il a été éduqué, ne sont plus d’actualités. Nouveau monde, nouvelles règles, seul reste l’ombre des
étoiles sous laquelle il va devoir apprendre à vivre.
Ceci est une salamandre, aujourd’hui
et elle ne vous fait pas peur.
Mais demain, qui sait, peut être
dirigera t’elle le monde.
A la croisée, non pas des mondes, mais du space-opéra, de la science-fiction, de l’anticipation et de la quête initiatique, Thomas signe avec brio une œuvre époustouflante par son imagination et son réalisme. Le personnage est en perpétuel évolution, on pourrait presque dire maturation. Son sens critique, sa mentalité murit au gré de ses nouvelles expériences. Il montre une capacité d’apprentissage, et d’adaptation, à l’évolution des valeurs. Celles qu’il a connue ne sont plus valables? Soit, on grandit, on intègre, on applique et on ne joue pas au vieil intransigeant
acariâtre qui ne sait que se souvenir que c’était bien mieux avant. Cette évolution et ouverture d’esprit, parfois forcée, est présente dès la première page, jusqu’à la dernière page, le sauvant parfois et le récompensant souvent. On aurait
presque envie d’avoir plus de Kee dans notre société.
Non content de nous faire un personnage en toute vraisemblance, notre cher Thomas a travaillé ses personnages secondaires avec la même méthode. On n’assiste pas à une énumération de faire valoir juste bon à rajouter
des caractères à son manuscrit, mais bien a des personnages dont la mentalité, les paroles et les actions apportent quelque chose à l’intrigue.
La meilleure image pour analyser cette œuvre, puisque d’une véritable œuvre nous parlons, est celle d’un lac. Un lac sur lequel évoluent plusieurs petits bateaux de papier. Chacun de leurs mouvements provoque une onde qui affectera d’une manière ou d’une autre l’ensemble de la flottille. Le seul point noir de cet ouvrage est certainement la fin. Extrêmement bien construite, terriblement poignante et absolument sadique pour le lecteur, de tous les amateurs de ce livre, une question revient :
A quand la suite Monsieur Géha
PIERRE MARIE SONCARRIEU