Découvrez l'exposition des illustrations de l’anthologie En garde !
ImaJn'ère, Festival de l'imaginaire à Angers
LES TEXTES
Couverture
illustrée par Tiphs
Préface
de Pierre-Marie Soncarrieux
illustrée par Eliot Bernaud
Même au-dessus des nuages, la justice se rend au fil de l’épée !
Pour cette illustration, j’ai imaginé un univers en miroir, perché dans le ciel et divisé en deux strates, aux gravités opposées. Deux bretteurs sont perchés de chaque côté d’une plateforme volante, veillant tous deux sur leur partie du monde. L’illustration se lit donc dans les deux sens, à l’endroit comme à l’envers !
J’ai voulu concilier la thématique de l’anthologie avec mon amour pour les paysages, la spatialité et l’architecture. Soucieux des détails, j’ai pris un grand plaisir à dessiner chaque bâtiment, chaque fenêtre, chaque nuage. J’ai d’abord travaillé au crayon de papier, puis au stylo plume. Pour l’ombrage, j’ai utilisé la tablette numérique.
Eliot Bernaud
La Grande Mademoiselle
de Morgane Guilhem
illustrée par Willo
Pour la première fois on m’a donnée l’occasion d’illustrer une histoire de la fameuse anthologie du festival ImaJn’ère. Quelle surprise ! Mais une bonne, hein. Ce nouveau défi, je me le suis lancée malgré un emploi du temps compliqué, ne sachant trop sur quoi j’allais tomber ou même quelle technique de dessin j’utiliserais.
Puis vint la lecture de Grande Mademoiselle. En toute honnêteté, au début je n’étais pas emballée pour un sou. Je précise, je ne l’ai pas lue d’un seul trait, ce qui explique en partie mon manque d’inspiration au départ. Mais une fois le récit terminé, une image s’est imposée. Dès le départ, mon objectif était de dessiner non pas une scène mais un ensemble qui rappellerait le récit, un peu comme une couverture de roman. Chaque élément présent a donc été choisi sciemment, parce qu’à mes yeux ils étaient les plus importants : les pierres angulaires de cette histoire faite de rebondissements inattendus.
Pour ce qui est de la technique utlisée, la question ne se posait même pas : un livre est imprimé en noir et blanc, ses pages internes doivent donc être traitées de la même manière pour garder tout leur impact. N’ayant malheureusement pas eu assez de temps, j’ai pris le parti du numérique. Certes, on perd ce côté naturel et cette « âme » propre à la plume et encre de chine que j’apprécie énormément, mais je suis assez satisfaite du rendu.
Fun fact : j’ai essayé et réessayé, en vain, de faire les moustaches. Même des amis dessinateurs s’y sont collés, mais ce fut un cuisant échec, car ne rendait pas justice au reste !
Je vous invite à découvrir « Grande Mademoiselle », à mieux comprendre ce qui se trame derrière ce nom, et ce qui se cache derrière cette illustration.
Bonne lecture 🙂
Willo
Caladrière
de Julie Nadal
illustrée par Louna Painvin
Dans cette illustration, j’ai décidé de placer la caladre (l’oiseau) en hauteur, surplombant la femme en bas à droite, presque en contre-plongée, permettant de faire ressortir l’échelle des êtres. Dans la nouvelle, ce qui est le plus caractéristique est cette différence de taille anormale entre les caladres et les humains. J’ai donc pensé important d’insister sur cette différence, accentuée par le personnage chevauchant l’oiseau.
La personne masquée qui chevauche la caladre détourne la tête car bien qu’elle soit présente physiquement, son devoir passe avant sa personne. Le personnage féminin a premier plan tend la main comme pour atteindre une chose qui serait inaccessible. C’est l’idée de la liberté, de l’envol, d’un désir de découverte. La couleur vert sombre de la robe et son léger foulard doré indiquent son appartenance à une famille influente.
Détail important : j’ai cherché différentes représentations de la caladre pour les combiner avec ce que j’imaginais durant ma lecture. L’extrait « plonger ses doigts dans l’onctuosité des plumes iridescentes » m’a tout de suite fait penser à une créature duveteuse dans laquelle on pourrait s’y blottir. Mais d’après la légende médiévale, beaucoup plus sombre, cet oiseau possède un pouvoir de vie ou de mort. Selon qu’il
regarde ou non un malade, celui-ci est destiné à vivre ou à périr. J’ai donc voulu représenter cette légende avec un jeu de regard entre les trois protagonistes.
Louna Painvin
Princesse de Mars
de Philippe Caza
illustrée par Dennys Co
Quand on m’a donné une nouvelle à illustrer sur le thème « cape et d’épée », je ne m’attendais pas à une comédie de science-fiction. Une Princesse de Mars est une histoire insolite et loufoque sur 4 pseudomousquetaires et leur aventure sur la planète rouge.
Chacun de ces personnages a son caractère bien trempé, chacun excentrique à sa manière. C’était important de réussir à retranscrire leur caractère dans leur design. Il faut les rendre à la fois uniques et reconnaissables, mais aussi les connecter en tant que compagnons et membres d’un même équipage. J’ai décidé de leur donner le même uniforme : une combinaison spatiale rétrofuturiste d’une couleur bleue royale pour rappeler leur thème mousquetaire. Et pour les différencier de longues capes de couleurs vives différentes. Ils forment un bloc central dans la composition, riche en noir et en couleurs saturées, pour contraster avec le fond et les figurants, beaucoup plus légers.
Le style et la composition sont inspirés par toutes sortes de références à la culture pop pour représenter au mieux l’ambiance de l’histoire ; le style graphique riche en traits et en aplats rappelle les comics américains de super-héros, mais je me suis également inspiré des BD Disney comme les chefs-d’oeuvre de Don Rosa, ou de divers cartoons. De plus, la couleur des capes des 4 héros est similaire à un célèbre quatuor de tortues… On retrouve aussi des inspirations de jeux vidéo, notamment les jeux rétro avec un aspect cartoon pour l’apparence des aliens martiens, mais aussi des inspirations plus récentes comme Helldiver 2 pour la composition presque kitsch de héros à capes face à une horde de monstres, les capes flottant au vent dans le vide spatial.
Je voulais rendre les personnages principaux cools et stylés, mais pas trop cools non plus. Garder un aspect « héros du dimanche » avec des armes improvisées (sauf une épée) et des capes faites de draps attachés à la va-vite. Mon but était de rester un peu dans la caricature. De même pour les aliens martiens, ils ressemblent à des personnages de comics rétro de barbares et princesses dénudés. Ne pas être trop
sérieux était important.
Une Princesse de Mars est un univers plein d’action, de comédie et de personnages extravagants. J’espère avoir réussi à retranscrire correctement l’énergie à la fois épique et loufoque de cette aventure.
Dennys Co
Le dernier match avant la fin du monde
d'Audrey Bergerat
illustrée par Oscar Bernaud
À la lecture du Dernier match avant la fin du monde, j’y ai trouvé un bon mélange d’absurde et de réalisme (deux mots qui ont de nos jours dangereusement tendance à se rapprocher) avec une couche d’humour bien sympathique. Pour les cinéphiles, imaginez un mélange La belle verte et Idiocracy, avec un soupçon de fin du monde façon Les fils de l’homme.
Avec ces idées en tête et le thème de cette année, une image s’est très vite imposée à moi : L’estrade, les deux bretteurs, la foule « pire qu’un 14 juillet » tout ça sur un fond d’invasion extraterrestre, génial, de quoi rassasier mon appétit pour les détails. Il ne me restait alors plus qu’à m’y mettre. Cette année, pas d’outil numérique ! La plume et le rOtring ont donc été mes seules armes pour tenter de donner vie à ce
duel des plus épique.
Sur ce, à vos crayons, à vos stylos, en garde !
Oscar Bernaud
La princesse et le dragon
de Sara Doke
illustrée par NZO
— T’es sûr que c’est humain ?
— Les Exos sont interdits ici, t’as oublié ?
— T’as vu ses nippes ?
— Ouais, super exotique.
— Exo, oui, tique, sûrement, ça pique déjà.
Ces quelques lignes d’introduction donnent le thème de l’histoire...
La différence, la peur des « différents », l’ignorance... ce qui abouti au... Racisme !
C’est un thème qui me tient à coeur... Par expérience personnelle... Devoir mettre la barre plus haute et traverser les obstacles avec panache...
J’ai voulu représenter les personnages dans la lumière... et au sommet de leur épanouissement. Mais la lumière ne vient pas du sommet, ni du poing de l’Exo... mais de leurs corps... La fusion entre Elle et Lui....Les ailes du dragon, majestueux et héroïque enveloppent chaque angle de la scène... Son corps est de lumière... L‘Exo, une Déesse, elle est triomphante... Nue, poing levé... la Fierté et la beauté jaillissent et rayonnent
autour d’elle... Et l’épée à la main....
Les hommes ont peur de ce qui est différent d’eux-même, et cela les rend bien vulnérable... Et pour se protéger, ils rabaissent, se moquent, méprisent et deviennent arrogants et méchants... Les gens différents doivent endurer, subir et dépasser leurs limites pour s’élever au plus haut... Avec audace, panache et surprise...
Comme La Princesse et le Dragon...
NZO
La revanche de Maître canard
de Nicolas Rochas
illustrée par Laure Truffandier
En lisant La revanche de Maître canard, j’ai eu l’impression de lire un conte ou que ça pouvait être une histoire sortie de Shrek. Alors je me suis inspirée d’une imagerie médiévale : tous les personnages sur une même ligne, pas (ou peu dans mon cas) de perspective, les éléments importants plus grands : le canard, le visage des mousquetaires, leur main et leur épée jointes ensemble pour se donner de la force. Et montrer que le pouvoir de l’amitié gagne toujours. La texture du fond est là pour donner un aspect vieux papier, parchemin, comme si l’on trouvait cette image dans un vieux livre qu’on aurait lu à l’époque.
J’avais d’autres idées pour garder cette imagerie, mais elles ne fonctionnaient pas dans l’image finale, elles auraient perturbé la lecture, donc tant pis ! J’avais aussi créé une typo pour au final l’abandonner et ça, c’est triste!
Laure Truffandier
La Cabale des Importants
d'Alix Glacon
illustrée par Ronald Bousseau
J’avais dans l’idée que la thématique « En garde » imposait un certain nombre de codes. Avec le récit La Cabale des Importants, je n’ai pas été déçu. Une allusion directe au grand Dumas avec du mousquetaire virevoltant, de la barbichette, des bretteurs hors pair, du mystère et de l’histoire, celle avec grand H : tout y est.
Ce qui m’a interpellé ici, c’est ce qu’il y a en plus. À savoir, un ton crépusculaire digne des polars. Nous sommes à Paris la nuit, il y a une attente, un monologue intérieur, un drame inévitable qui couve. Ah ! Chienne de vie ! Je n’ai sans doute pas réussi à tout retranscrire dans cette illustration.
Mon hésitation a été longue sur l’approche à prendre. Entre une attente nocturne et une bagarre, la bagarre a gagné. Je me suis attaché à essayer de rendre ce qui pour moi est le grand paradoxe du combat à l’épée : je vois ça comme un mélange improbable de légèreté, de déséquilibres et d’appuis. En spectateur de ces batailles, j’ai toujours eu cette impression trouble d’une superposition entre un colibri et un sumotori. Des pieds fermes sur les pavés, des genoux fléchis, des fessiers bombés, des lames agiles et des chapeaux à plume !
Pour le Paris nocturne de l’époque, il y a pour seul éclairage une lune qui se laisse voir entre deux nuages. Pour la visibilité de l’action et l’équilibre de la composition, j’ai triché et profité du médium de l’illustration pour imaginer un éclairage complètement invraisemblable, mais qui a le mérite d’être simple. J’ai adoré me plonger dans l’illustration de ce texte, autant qu’à le lire. C’était pour moi une première incursion d’illustrer cette époque, et j’ai aimé ça.
Ronald Bousseau
Mais avec Panache !
d'Audrey Pleynet
illustrée par Florian Proust, alias Le Gris Bouilloir
Le processus de création de cette image a un peu changé de d’habitude. Avant même la rédaction du texte par l’autrice, elle et moi avions un peu discuté du thème autour de quelques plaisanteries. Au fil des blagues, je lui ai suggéré quelques lignes scénaristiques sous forme de contraintes. Une fois son texte terminé, pour des soucis d’équité - et surtout parce que ça m’amusait – je lui ai également proposé de m’imposer quelques contraintes, notamment sur la technique. Pour que ça coïncide au mieux avec sa nouvelle, elle m’a conseillé de travailler à l’acrylique, en épaisseur. La texture aurait pu faire un rappel de l’environnement dans lequel se trouve l’héroïne (sous la terre).
J’ai découvert son texte et il m’a beaucoup plu. J’ai pris très peu de temps pour trouver l’angle pour illustrer la nouvelle. Comme d’habitude, le challenge sur un texte court est de ne pas tout dévoiler, rester suffisamment cryptique. (Cryptique ? Pour parler de quelqu’un qui vit sous terre… Le lien est finalement un peu fait !) Et je n’avais pas non plus envie de focaliser sur une scène en particulier du récit. Rester assez large et mystérieux pour intriguer le lecteur et lui donner envie de lire la nouvelle. Il restait à choisir la composition. De ce côté, j’ai eu de la chance, l’image est naturellement apparue dans ma tête après deux ou trois croquis.
Pour la phase de réalisation, ce fut un peu plus laborieux malheureusement. J’ai essayé de longues heures à peindre en épaisseur, au couteau… Mais suite à un traitement médicamenteux, j’ai subi une perte des sensations et de la motricité fine. Ma dextérité ne m’a pas permis de réaliser ce que je voulais. Finalement, je suis bien resté à l’acrylique, mais j’ai peint avec beaucoup moins d’épaisseur que souhaité
initialement… Mais le résultat me convient totalement !
Il s’avère qu’Audrey de son côté n’avait pas du tout suivi les contraintes proposées non plus. Ouf ! Me voila soulagé !
Florian Proust
L’Honneur d’Armand de la Villette
de Vincent Dionisio
illustrée par Pierre Vrignaud, alias Rackham Le Roux
Kévin est le protagoniste lambda principal. Un élément majeur va bousculer légèrement le quotidien de cet l’adolescent moyen.
Ma première idée était de représenter une scène du vide-grenier mettant en évidence l’ado face à sa découverte. J’ai préféré écarter cette piste pour représenter le garçon dans son transport en commun emprunté au quotidien avec comme seul détail, la présence de l’artefact magique dans son sac à dos. Cet élément fantastique tranche (sans jeu de mots) avec le récit de la vie réelle du personnage.
Auparavant, la contrainte d’illustrer en noir et blanc ne me posait pas de problème. Avec le temps, je travaille de plus en plus la couleur et revenir sur le noir et blanc me demande parfois un temps d’arrêt et de réflexion. Avec le procédé noir et blanc, on va à l’essentiel pour réaliser l’illustration à composer. Également, le fait de dessiner autre chose que de la Fantasy rajoute pour moi un peu de difficultés.
Pour la nouvelle en l’occurrence, la scène illustrée se passe dans un transport en commun pour réaliser un contraste entre la vie quotidienne et banale du jeune garçon et l’épée issue d’un monde fantastique et imaginaire. L’inspiration pour le lieu, un bus, m’offrait au premier abord un rendu plus intéressant qu’une scène dans un vide-grenier ou chez un autre ado.
Pierre Vrignaud
Cavernes de cristal
d'Oksana et Gil Prou
illustrée par Fabien Collenot
Pour cette illustration, j’ai comme à mon habitude réalisé une esquisse au crayon sur papier. Je voulais au départ intégrer un maximum d’éléments de la nouvelle (les deux escrimeuses, que j’avais imaginées face à face dans la posture habituelle juste avant le combat, avec en fond les « Fff », des extraterrestres ayant accueillis les humains exilés sur cette lune de Saturne, et en arrière-plan évidemment la planète Saturne).
Après plusieurs essais, afin de choisir ma composition et conscient que sur une petite image il serait difficile de tout y placer, finalement, j’ai opté pour une des escrimeuses, cheveux au vent, dans une posture guerrière et en arrière-plan, Saturne et ses anneaux. Pour le décor de la Caverne de cristal, je me suis inspiré de cavernes magnifiques qui existent au Mexique. Après cette mise en place, j’ai photographié mon esquisse, afin de la transférer sur ma tablette graphique pour l’encrer, l’ombrer et y ajouter divers effets
de lumières.
Fabien Collenot