Après avoir auto-édité ses trois premiers romans, Anthony Blanchet publie chez Inceptio le premier tome de sa série Enchantements, inspirée par les légendes arthuriennes. En voilà le résumé :
Autrefois, le monde était béni par la magie. Les Enchanteurs étaient légion.
Printemps 2019, Merlin est le dernier de son espèce, condamné à chercher son successeur alors que son immortalité lui a été retirée.
Pire encore, Torhold, le plus dangereux Sorcier de sa génération, s’est échappé de sa prison pour se venger.
Un chemin parsemé d’embûches attend Merlin qui devra composer avec les farces du destin. Sera-t-il à la hauteur des attentes du monde magique ?
Anthony Blanchet nous embarque dès les premières pages dans une aventure menée tambours battants malgré la richesse de l’univers inventé. Il faut dire que les enjeux sont de taille : contrer un sorcier maléfique (qui, s’il ne brille pas par son originalité, a le mérite de bien remplir son rôle) et restaurer la magie que plus personne, à l’exception de Merlin, ne peut plus maîtriser. Pas le temps de s’ennuyer, donc, d’autant que les plot twists sont légion – mention spéciale à celui qui clôt ce premier tome, très osé tout en étant d’une cohérence implacable.
Néanmoins, le worldbuilding n’est pas négligé pour autant. Merlin étant le dernier magicien confirmé à avoir gardé ses pouvoirs, il a pris sous son aile un apprenti – un Initié, comme le nom de ce tome – qui doit subir un entraînement intensif afin de maîtriser ses nouveaux dons. Cela sert de prétexte à des moments plus paisibles, consacrés à l’explication d’un système de magie original, fondé sur l’utilisation de runes qui peuvent être combinées entre elles pour créer une infinité de sortilèges. Le glossaire à la fin du roman, qui présente les vingt-six runes, donne une idée de leur potentiel ; les multiples scènes d’action, quant à elles, font office de mise en pratique.
Pour autant, Merlin n’est pas qu’un combattant confirmé : c’est aussi un personnage dont la vie trop longue a été jonchée de plusieurs drames. Les secrets qu’il essaie de garder pour lui (en vain) donnent d’autant plus de complexité à ce personnage ni blanc ni noir et justifient ses motivations tout au long du roman. Le fait qu’une attention toute particulière soit portée à Merlin, à sa personnalité et à son passé, est d’ailleurs à mettre en opposition avec ses compagnons d’infortune. Pour l’heure, bien que quelques pistes nous soient données, ils sont encore assez peu développés. Cela n’a rien d’inquiétant pour autant : on comprend à la fin du roman pourquoi Merlin a bénéficié d’un traitement de faveur et en plus de ça, on se doute que les tomes suivants permettront de les étoffer.
Ainsi, L’initié est un premier tome introductif dans sa manière de présenter son univers, le système de magie complexe nécessitant d’être longuement expliqué afin d’en saisir tout le potentiel ; mais en ce qui concerne l’intrigue elle-même, pas le temps de lambiner. Les enjeux sont posés de manière claire et bien que certaines choses sont résolues au fil des pérégrinations de Merlin et de ses compagnons, Anthony Blanchet prend grand soin de rebattre les cartes à la fin du roman. Impossible de savoir ce qu’il nous réserve pour la suite !
Bénédicte Durand