Dans ce roman, Philippe Curval nous plonge dans une société où semble régner l’utopie. En effet, les individus ont une liberté absolue. Ainsi, le principe d’autorité n’existe pas et donc, par ce principe, les personnes refusent toute contrainte. Cette société s’est créée sur un continent artificiel jonché de déchets. Ce peuple, nommé les Paquiens, fonctionne comme une démocratie directe. Cependant, au cours du récit, l’utopie s’avère n’être qu’une surface. Plusieurs interdictions prouvent qu’elle s’effrite, notamment le fait que la procréation y est interdite. Un contexte que l’on peut mettre en lien avec une certaine actualité.
Au fil des pages, nous allons découvrir toute une réflexion sur cette démocratie au travers des personnages principaux, Véra, Gaon, Servadac et Dolly puisqu’ils vont être amenés à se souder pour contrer Pairubus qui se sert des IA, des êtres artificiels ayant la capacité de ressentir des émotions, comme d’une police pour contrôler la population du Paquebot immobile. Mais ce dictateur se sert également de créatures entre humain et machine, les QAI (Quantic Artificial Intelligence) qui dépendent et obéissent aux ordres. La question reste en suspens, quelle sera la finalité de cette démocratie ?
Ce roman est un mélange entre la réflexion philosophique et la SF puisqu’au-delà des machines pouvant ou non ressentir des émotions, la présence de créations hybrides entre divers animaux donne parfois des êtres surprenants. L’utilisation de créatures dénonce, d’une certaine façon, cette volonté de créer des choses ou des êtres artificiels sans que cela soit d’un réel intérêt.
L’auteur fait référence à beaucoup d’œuvres littéraires, notamment Jules Verne dont il s’inspire pour des noms et des lieux. Il met en avant une réflexion intéressante quant à la construction d’une société libertaire, sa destruction et sa reconstruction.
Philippe Curval, auteur d’une soixantaine de livres, est connu pour ses écrits en science-fiction et en littérature blanche. En parallèle, il est illustrateur. Néanmoins, il ne s’est pas arrêté à ces casquettes puisqu’il a été journaliste et a réalisé des reportages dans le monde entier. Il a contribué à une reconnaissance d’une science-fiction française originale par l’intermédiaire de différentes revues et recueils de nouvelles.
Je vous invite à plonger dans cet univers de science-fiction pour y découvrir une belle plume et vous laisser porter par cette réflexion sur la société.
Karine BOITEL