J’avais eu la chance de rencontrer Pascal Malosse totalement par hasard, en effet, il était venu comme pièce rapportée, avec son éditeur lors de l’une des éditions de notre salon Angevin. Et ce fut un heureux hasard. j’eus le plaisir d’échanger avec lui sur sa plume et sa récente parution qu’il m’expliqua être une anthologie de nouvelles emprunt de fantastique slave. Et pour cause, le sieur revenait dans notre métropole après quelques années passés en Pologne. J’acquis son livre, en lu les deux premières nouvelles et le déposa sur ce qui était l’époque, le sommet de ma PAL, il réussi le beau score de tomber à peu près au milieu de la pile avant que je ne l’en sorte par un autre hasard. Non pas que son livre est moyen ni passable, au contraire. Son anthologie « Conte de l’entre deux » est extra. Sa première nouvelle baptisé « le Réveil » est une nouvelle purement onirique qui mêle folklore, superstition et critique des nouvelles technologie. Un régal pour les amoureux du genre. La deuxième nous fait vivre un épisode dans la vie d’un auteurs d’histoire de frisson, le moment exact où il se rend compte que la réalité dépasse de très loin la fiction. Mais sa qualité est ce qui a joué contre ce recueil. j’ai voulu le déguster nouvelle par nouvelle, une seule à la fois entre deux romans et le temps est passé avec d’autres priorités.
Au détour d’une allée, à Sèvres, aux rencontres de l’imaginaire. Je tombait sur le maître Thill himself. Je prenais de ses nouvelles, de sa personne et de son catalogue, et il m’apprit la présence de Pascale venu ici pour la promotion de son premier roman tout chaud d’une semaine. Inutile de vous dire que je me suis senti obligé de repartir avec étant aussi intrigué qu’impatient de le lire. Quelle claque… une de celle que seul Malpertuis peut envoyer en travers de la gueule et qu’en amateur que je suis, j’en redemande. C’est grâce à ce masochisme éhonté mais assumé que j’ai découvert foule de plume extraordinaire dont fait parti Pascal Malosse.
Sitôt rentré chez moi, j’expédiais les affaires courantes, qui avaient la forme de dossier de comptabilité, et j’avalais en une semaine, la fin de son anthologie et son roman. Si dans ses nouvelles, l’auteur mettait en avant l’ambiance et laisser ses personnages comme simple vecteur et chercher avant tout à faire ressentir l’atmosphère à ses lecteurs, Dans son roman, il en est tout autre. La focalisation se fait sur les deux protagonistes. Le travail se fait sur l’empathie que l’ont peut porter a ces personnages, et c’est réussi. Haut la main d’ailleurs. Nous y rencontrons Théo et Élisa, que rien ne destinait à se rencontrer mais qui allaient vivre une aventure de toute beauté.
Théo est garçon de café, courant les filles à peine plus que les pourboire et vivant sa vie au jour le jour et avec ses expédiant. Il ne cherche pas plu, il ne veut pas plus, jusqu’au jour où tel des flocons, des pages tombe du ciel dans sa rue parisienne. Sur ces pages, une histoire qu’il s’empresse de décrypter à la manière de Champollion. Il y lit la vie d’Élisa, jeune fille recluse qui à apprit à lire et à écrire par elle même. l’histoire est prenante mais bien trop extra-ordinaire pour être véridique. Il lui faut découvrir si ce qu’il lit est l’œuvre d’un auteur dramatique ou le récit d’une vie dramatique.
Quelque page tournent, entre ses mains, autant qu’entre les nôtres, et nous découvrons la vie D’Élisa, pas de parent, des souvenirs vagues d’une nourrice qui l’abandonna très vite, des plaques de bronzes qui obstrue toutes les fenêtres, une cage d’ascenseur comme unique sortie de son appartement qui sert de prison, c’est d’ailleurs par la que lui sont envoyé toutes les nécessités dont elle pourrait avec besoin. Des tableaux pour lui donner des idées et une bibliothèque pour qu’elle apprenne la vie et le monde qui l’entoure mais qu’elle ne pourra jamais côtoyer. Jusqu’au jours où elle découvre un trou dans un joint d’une des plaques de bronze. c’est par là qu’elle laissera tomber les feuillets de sa vie.
Voici donc l’histoire haute en couleur de deux âmes esseulées. Dit comme ça, on pourrait s’attendre à une histoire d’amour entre deux être que rien ne destiné à être ensemble. Un peu comme un Levi ou un Musso. Y a de ça , c’est vrai. Mais tellement plus. Le talent et l’écriture déjà. Sans oublier les idées et les thèmes fort. Tellement fort qu’ils font mal à la tête, qu’ils crèvent le cœur à la lecture, puis les yeux quand on s’aperçoit enfin que ce roman n’est pas une banal histoire mais une vie de tous les jours bien ordinaires, dont le contexte est à peine amplifié pour en devenir visible. Le rapport à l’autre, la découverte de ce qui nous entoure et comme l’accepter. Cette comédie humaine qu’est la vie en société. Des sujets d’actualité autant que terrifiant car même si nous les vivons, il n’en demeurent pas moins effrayant.
Tout ça pour dire qu’une fois la dernière page tournée, une fois le dernier mot achevé, vous n’en sortirez pas indemne. Mais, et alors ? Si le fantastique existe est a autant la cote, c’est qu’il prévient. La littérature averti, l’humain choisi. Pascal ne nous averti pas vraiment, en tout cas pas selon moi, il nous décrit notre univers en enlevant juste ce qu’il faut du vernis de la politesse et de la bien séance pour lui donner son véritable aspect révoltant et ecoeurant. Nous mettant a nu devant ce qui nous entoure. Alors certes, il y rajoute une intrigue à la Hitchcock, une de celle dont on a envie d’avoir la solution tout en sachant qu’elle nous fera frissonner. Mais je pense que cette intrigue n’est là que pour nous faire passer la pilule, nous rendre notre horreur quotidienne moins fantastique, donc plus acceptable. Car au final, combien de nous, lecteur, auront été différents, auront agit différemment en découvrant Elisa, préférant lui tourner le dos pour repartir à notre train train quotidien. Lisez et vous verrez.
NB, cette chronique est passé à la radio il y a moins d’un an, à la suite de la rencontre de l’imaginaire de Sèvre le 24 novembre 2018. Depuis, Pascal écrit, et il fait bien. Il a sorti quelques nouvelles de qualités dans divers anthologies et un prochain roman serait attendu de pied ferme dans un avenir proche.
Pierre-Marie Soncarrieu