Elles sont de retour et pas pour nous jouer un mauvais tour !
Bon, en vrai, ça fait depuis mai 2018 que Padmé et Tanit, les célèbres sorcières associées, sont de retour mais j’avais pas encore pu mettre la main sur le deuxième tome de leurs aventures. Puis aux Utopiales de la même année, je vois leur auteure annoncée. Forcément, je lui demande une interview qui finit par se réaliser après une sombre histoire de chaise volée. Tout ça sous le regard amusée de madame Spock gérant le bar du même nom. Cette discussion enregistrée fut des plus passionnante et me donna envie de me plonger derechef dans l’ouvrage en question. Mais j’en avais commencé un autre, très dense bien que fort court, et j’eus peur qu’une lecture simultanée ne fasse perdre la qualité des deux ouvrages. Grand bien me prit, car une fois plongé dans l’épopée se passant à Jarta, je n’en décolla pas le nez. Moins de vingt-quatre heures plus tard, la dernière page était tournée et le glas sonna la fin du conte. A Mon grand regret et au dépit d’avoir à attendre une prochaine sortie. Tant pis, j’avais pris un bon moment, et tous ceux avec qui j’ai échangé sur le sujet ont partagé mon avis (au nombre desquels figure l’illustre J-L Rivera). Mais arrêtons la palabre et rentrons dans l’ouvrage.
Coté personnages, pas trop de surprise : on retrouve nos deux héroïnes aussi diamétralement opposées que complémentaire : Tanit la nadinite et Padmé la parassis. Elles sont sorcières et associées. Pas de changement depuis le dernier tome. l’une ancienne des services de renseignement et missions d’infiltrations et l’autre médecin de terrain. L’une sauve des vies quand l’autre les prend. Mais elles sont capables d’échanger leur rôle si le besoin se fait sentir. Et justement, c’est le moment. Tanit est partie en croisière reposante et Padmé gère des affaires bien peu stressantes. Sauf que voilà, un soir, un démon décide de venir voir ce qu’il se passe dans ce côté-ci de la réalité. Et c’est à Padmé la pacifiste d’aller le conjurer. Aider par les quelques confrères de la cité, elle va devoir aller au charbon et sauver le quartier. La fin de l’altercation coïncidant avec le retour de Tanit, Padmé en profite et lui demande de bien vouloir la supplémenté dans un rendez-vous d’affaire avec une huile du palais. Jusque-là pas de soucis. Elle accepte, car après tout, il faut bien que les affaires marchent dans cette ville où la taille de la bourse fait la qualité et la longévité.
C’est donc pour ces raisons qu’elles se retrouvent embauchées, par les plus hauts dirigeants, pour retrouver un échiquier fait de jade. Cadeau destiné à un peuple sortant de son autarcie pour la première fois depuis la nuit des temps. Mais, et si ce vol, et si ce démon, et si cette rencontre diplomatique étaient liés ? C’est avec cette idée saugrenue que le duo se lancera à corps perdue dans une enquête digne d’une épopée.
Ce livre est une vraie bouffée de fraîcheur, envoûtant, entêtant, il vous vide la tête en vous captivant. Vous faisant rêver d’un monde où technologie cohabite avec magie. L’ambiance subtile du steampunck sans la lourdeur de la machinerie analysée et martelée. Le postulat de base est pourtant simple et peut se résumer à la phrase fétiche de tout rôliste : « Ta gueule, c’est magique ». On y évoque les démons autant qu’on les y invoque. Les sirènes barbotent dans la mare pour le plaisir du décor. Et les questions de l’écologie, de l’économie, de la solidarité, de la loyauté et de l’honneur peuvent y trouver des réponses dans un décor et une intrigue aussi belle que crédible. Y a rien à dire de plus : j’attends la suite.
Pierre-Marie Soncarrieu