13 juin 1940 0H15 : le maréchal Pétain est arrêté pour haute trahison…
Je suis un passionné d’uchronie, le « what if » : un évènement perturbe le continuum de l’Histoire tel que nous la connaissons et l’auteur romance les prospectives engendrées[1]. Il s’avère que l’exercice n’est pas l’apanage des seuls auteurs de science-fiction : les historiens anglo-saxons en sont férus. L’histoire de la construction de « 1940. Et si la France avait continué la guerre… » est un exemple de compétences et collaborations intelligentes d’historiens qui ont accepté de jouer le jeu internationalement (anglais, américains, français, allemands, australiens…) au travers d’un blog. L’exercice est d’une intelligence qui repoussera l’historien poussiéreux qui préfère se cantonner au « réel » sans se poser de questions sur ces gamineries où d’autres perdent inutilement leur temps. Et on en a connu de ces imbéciles qui perdaient leur temps à des jeux sans intérêts hors des chemins battus : les Copernic, Darwin, Einstein, Freud, Perec et autres iconoclastes du même acabit.
Trois historiens ont compilé et ordonné toutes ces données et ont écrit un ouvrage historique.
Le 13 juin 1940, peu après minuit, le maréchal Pétain est arrêté pour haute trahison ! La coalition des « jusque-boutistes » montent un remaniement gouvernemental et décident de continuer le combat à l’aide de l’empire (colonial) et de la fraternité des alliés. Bien sûr cette décision va changer la face de la 2nde guerre mondiale.
L’introduction du livre va poser clairement l’ensemble des paramètres importants où diverses hypothèses vont s’affronter : la réaction du petit moustachu teuton frénétique, celle de l’Italie, de l’Espagne, et d’un certain nombre de pays et personnalités. Le blog va servir à confronter les différentes possibilités et à choisir les plus impartiales et historiquement crédibles pour chaque paramètre et choisir la plus « juste ». Ceci fait, l’Histoire peut continuer sa route.
…De Gaulle installera donc un front en Bretagne…
Vous apprendrez peut-être que lorsque Pétain négocie l’armistice, la Wehrmacht est à bout de souffle. Guderian et Rommel faisant fi des ordres directs de Hitler ont poussé l’offensive au maximum et leurs lignes de ravitaillement sont très affaiblies. L’infanterie et l’artillerie allemande courent après les blindés pour renforcer ces lignes. Même dans l’hypothèse de la non-capitulation, la contre-offensive française reste impossible, l’armée française est complètement désorganisée et incapable de retrouver ses ressources pour combattre. Le but reste d’évacuer le plus d’hommes et de matériel possible de façon à réorganiser une offensive. De Gaulle installera donc un front en Bretagne de façon à évacuer, dans l’ordre, en direction de la Grande-Bretagne. Quand au sud… Les flottes française et anglaise en Méditerranée ne feraient qu’une bouchée de la flotte italienne et les ports du sud (Marseille, Toulon,…) sont capable avec leurs flottes commerciales d’évacuer une quantité d’hommes et de matériels époustouflante. Franco n’a aucun intérêt à quitter sa neutralité « bienveillante » coincé entre la Wehrmacht en France et les alliés à Gibraltar. L’Italie se retrouve bien affaiblie en Afrique, coincée entre les divers pays des deux plus importants empires coloniaux du monde (France et GB). Bref, les cartes sont redistribuées et la partie peut recommencer. La domination occidentale du monde à cette époque est totale. Inutile de dire que cette hypothèse (la non-capitulation française) change totalement l’ordre du monde. La France ne s’est jamais remise de la défaite de 1940. La meilleure armée du monde (à cette époque) laminée en quelques semaines et la capitulation en juin 1940 ont induit pour les français l’image du lâche[2]. Et Yalta n’y a rien changé.
Vous êtes un nul en Histoire ?
Des personnages comme Gamelin et Pétain (et bien d’autres), qui ne l’oublions pas n’étaient que des êtres humains, sont les artisans d’une défaite honteuse qui a entrainé des conséquences désastreuses pour l’image et la puissance de l’Europe. « 1940. Et si la France avait continué la guerre… » se lit aussi comme un roman. Intelligence, rebondissements, suspens, tous les ingrédients sont là. Vous êtes un nul en Histoire ? Aucun problème, l’ouvrage est maîtrisé par des auteurs au sommet de leur science, et comme tels, ils sont d’une clarté qui rend l’ouvrage abordable par tous. Vous vous enrichirez au contraire. Ne ratez pas cette merveille.
Jean-Hugues Villacampa
[1] Pour en savoir plus, reportez vous à la lecture de ma chronique : « Uchronie quand tu nous tiens » de « La tête dans les étoiles » N°2, et à « La brèche » de Christophe Lambert dans « Le bouquiniste a lu » N°10 sur www.phenomenej.fr
[2] Il suffit de voir les réactions américaines au refus de la France à participer à la guerre en Iracq et, cerise sur le gâteau, cette image de Captain America dans « Ultimates » N°8 où son ennemi extra-terrestre en train de le terrasser lui demande de se rendre et où il répond, reprenant le combat et montrant son front : « Il n’y a pas écrit France là ! ». Dans l’édition définitive française (en TPB), la phrase sera remplacée par : « Il n’y a pas écrit lâche là ! » (Afin de préserver l’orgueil des lecteurs français surement…)