J’ai à peu près tout lu de Nelly Chadour en dehors de ses excursions dans le gore, que ce soit au Carnoplaste ou à Rivière Blanche. J’aimais bien son écriture enlevée, une certaine touche très originale dans ses montages de scénario nerveux et si je ne l’avais pas chroniqué jusqu’ici, c’est que, à mon goût, ses scènes d’action étaient souvent longuettes et parfois confuses et il y en avait beaucoup, ce qui hachait son déroulé scénaristique. Ce qui n’empêche que je comprends tout de même son succès mérité.
Vous l’avez compris grâce à mon préambule, « Espérer le soleil » aux, décidément, incontournables « Les moutons électriques » est un tournant majeur dans l’écriture de Nelly Chadour, c’est en écrivant que l’écrivain devient auteur et je n’ai pas de réelles critiques à faire sur l’écriture de cet excellent roman, si ce n’est que j’attendais avec appréhension les scènes d’action ce qui m’a bêtement affadi ma lecture et c’est bien fait pour moi !
Espérer le soleil est une uchronie post-apocalyptique, la seconde guerre mondiale s’est terminée par une apocalypse nucléaire dont je vais vous laisser découvrir les causes plutôt malines. L’Europe n’existe plus, seules ont l’air de survivre une partie du Royaume Uni (bin oui, Churchill a sauvé Londres !!) et les Etats Unis.
Mais dans quel état. La Terre est englobée dans un nuage radioactif dense ne laissant pas passer un rayon de soleil (d’où le titre), des colonnes de réfugiés tentent de rejoindre les lieux où la vie semble encore possible et bénéficient d’un traitement qui n’est pas sans rappeler de manière métaphorique ce qui se passe aujourd’hui. Autre conséquence de ces désastreuses conditions de vie, certains humains ont subi des mutations et sont devenus « Les rôdeurs de la nuit », en majorité des vampires.
Mais les services secrets ont plus d’un tour dans leur sac et ont mis la main sur un sort complexe permettant théoriquement d’en contrôler un puissant pour éliminer les autres.
Londres est dans un état terrible et la pauvreté est immense, rassurez-vous quelques nantis dont la fortune ne s’expliquera que plus loin dans le roman et qui vivent dans une tour d’un luxe faramineux. Pour les enfants la situation n’est pas sans rappeler celle des poulbots de Montmartre pendant La Commune. Justement, un grand nombre d’entre eux se font enlever par un « rôdeur de la nuit » enflammé et on commence à réellement s’en inquiéter lorsque les rapts ont lieu en dehors des quartiers populaires. Je ne vous parle pas du charismatique chef de la pègre, survivant de la guerre d’Espagne, le roman se situant en 1951.
Des personnages nombreux et fouillés, de l’aventure, de la mythologie indienne et russe (on croisera même la Baba Yaga !), de l’aventure, de l’action, du fantastique, des retournements, des surprises, bref tout y est, de la belle ouvrage pour un grand roman populaire : bravo Nelly.
Nous avons eu le plaisir d’accueillir Nelly Chadour il y a trois quatre ans au festival imaJn’ère sur le stand des défuntes éditions Trash, je ne doute pas que nous la reverrons dans les années qui viennent.
Jean-Hugues Villacampa