Les magiciens
« Au mauvais endroit au mauvais moment ! » même si cette célèbre phrase à toujours été prononcée par ou pour le policier John Maclan (joué par Bruce Willis pour ceux qui ont du mal à suivre), elle s’applique tout aussi bien à :
Casey Détective privé C’est ce que vous avez pu lire sur la pancarte accroché à ma porte, avant d’entrer dans mon
bureau par hasard ou par intention (je dois reconnaître que la majorité des gens viennent me voir sans savoir, au départ, pourquoi ils le font). Quelles sont mes recommandations ? J’étais prof.
Prof de quoi ? Cela a-t-il vraiment de l’importance ? Ce qui est important c’est que ma fiancée et mon meilleur ami m’ont convaincu (ou je me suis laissé convaincre par eux) que ma situation n’était guère à la hauteur de mes compétences et de mes qualités. Nous avons donc ouvert une agence de détective privé. Quelques jours plus tard, ma fiancée, mon ami et notre caisse se sont volatilisés emportant avec eux la plupart de mes rêves et illusions.
Coïncidence ? Je ne crois pas. C’est à ça qu’on reconnaît un bon détective, à son instinct infaillible.
J’étais à deux doigt de fermer mon agence et de repartir devant les bancs d’étudiants incapables, inintéressants ni intéressés. Je me souviens, j’avais plongé ma tête dans mes mains et laissé mes pensées vagabonder histoire de pouvoir me faire la conversation, étant le seul type à la ronde avec qui je pouvais parler. Lorsque je me suis redressé, Elle était là, juste là sur ce même fauteuil où vous êtes assis. Elle me regardait de ses grands yeux et paraissait perdue dans le profond fauteuil. Impossible de savoir depuis quand elle m’observait me faire la conversation ni comment diable étaitelle entrée mais le fait est qu’elle était là. Et avec une mission pour moi. Une première dans ma courte carrière de privé. Pour arriver à payer mes échéances j’étais prêt à tout accepter et sa mission était d’une affolante facilité. Rendez-vous compte. 1000 dollars pour retrouver le nom d’un type. Rien de bien compliqué aussi me suis-je empressé d’accepter. D’autant plus qu’elle me donna le lieu et l’heure où trouver ce type. C’est là que mes ennuis
commencèrent. Je me suis donc retrouvé à un « convent » où ma première surprise à tout d’abord été ce mot. Je le pensais être la contraction de convention mais non il s’agit bien d’un mot à part entière désignant les rencontres des milieux maçonniques puis par métonymie toute rencontre de milieu hermétique voir herméneutique. Passé les
portes et ma culture refaite, je me suis retrouvé au milieu d’une salle pleine de beau monde. Au sens premier du terme. L’individu le plus moche était juste beau. Autrement le reste sans exception faisait exploser le baromètre des canons esthétiques en vigueur. Autant dire que je faisais tâche et pas qu’un peu. Lorsqu’on m’a demandé mon nom,
incapable de répondre au regard bleu limpide du gros bras chargé de la sécurité (il s’agissait en fait d’un homme fin et musclé qui n’avait rien à voir avec un bodybuilder mais tout dans son regard criait qu’il ne fallait surtout pas ’embêter) une étiquette est apparu sur ma poche de poitrine et indiquait à qui voulait l’entendre que je m’appelais
Gabriel, ce qui m’a permis d’entrer. Je me suis donc retrouvé au milieu d’Ariel, Prospero, Sammael. Enfin ma cible est arrivé et c’est lorsqu’il s’est présenté au public que j’ai appris son nom et que les ennuis ont commencé : Salomon.
Ce roman, écrit à la première personne est une véritable histoire fantastique au sens premier du terme. Sur fond de sorcellerie (bien avant Harry Potter) et de manichéisme pas si déterministe que ça, L’auteur arrive à nous faire entrer subtilement dans un monde ou la magie est partout, et ou les anges comme le surnaturel est l’essence même de
notre vie sans que nous nous en rendions compte. James E. Gunn est un auteur relativement méconnu du public francophone et pour cause, sa traduction ne s’est fait que tardivement. Hormis deux romans traduits dans les années 70, le gros des traductions a été effectué dans les années 2000/2010 et l’énorme majorité de ses œuvres n’a toujours pas été traduite à ce jour. Pourtant son apport à la littérature de l’imaginaire est indéniable. Premier romans écrit en 1948, première édition en 1955, président de la Science Fiction and Fantasy Writers of America de 1971 à 1972 puis de la Science Fiction Research Association de 1980 à 1982 il est aussi connu et respecté pour son : The Road to Science Fiction qui compte aujourd’hui 6 volumes. Il a également commencé une nouvelle série en 2013 (deuxième tome sorti en 2016) qui hélas n’a pas encore été traduite à ce jour.
PIERRE-MARIE SONCARRIEU