June est une jeune fille de 16 ans, élevée par sa tante après la mort de ses parents, et ce dans un lieu peu ordinaire pour des enfants, et même plutôt loin d’être idéal. «Nanou» tient une maison close. Mais June s’y sent chez elle, avec son petit frère Locky et passe outre les remarques désobligeantes de ses camarades. Elle n’aurait quitter cet endroit pour rien au monde, si elle n’y avait été obligée par sa tante, à cause des avances d’un puissant client.
C’est un univers magique et enchanteur…
Les personnages de ce roman évoluent dans un monde où le chaos gagne du terrain, proche de l’apocalypse. L’espèce humaine est en danger de disparition, car l’équilibre entre le bien est le mal a été rompu. On ne voyage plus, les moindres denrées sont hors de prix, l’électricité économisée au maximum, Seuls quelques privilégiés peuvent se permettre de mener une vie telle qu’on la connait aujourd’hui.
C’est dans ce cadre futuriste peu prometteur, que June, bien malgré elle, va devoir affronter sa nouvelle vie, et de nouvelles responsabilités. June possède «le souffle». Elle l’a hérité d’une Sylphide, la dernière représentante de son peuple, lorsqu’elle était petite. Désormais elle est le seul espoir d’un retour à l’équilibre. Elle contient la force bienfaisante capable de maitriser le mal, et d’ainsi faire reculer le chaos et ses créatures.
La poésie se mêle au tout, par quelques vers, par la présence de Jonsi, le poète de l’île du nord, mais aussi dans les lignes de cet univers imaginaire construit par Manon Fargetton. June s’échappe d’un monde triste, cruel et douloureux, par le rêve devenu réalité, l’invisible coloré et palpable.
C’est un univers magique et enchanteur que bâti l’auteur. Les arbres et les pierres semblent y avoir une âme. Mélange de croyances, de mythes, et d’inventions pures, le roman nous élève un instant, au dessus du monde réel, en dehors de la vie quotidienne. Le souffle nous transporte au pays de la poésie. Rien n’est lourd, rien ne traine, les pages se tournent d’elles-mêmes, légères. On prend plaisir à suivre le personnage attachant qu’est June, son évolution, et son parcours. Quand enfin elle maitrise le souffle, il est en nous autant qu’en elle. Ce petit bout de femme réussi à transmettre toute sa motivation et son énergie, ainsi que ses souffrances. Le premier tome mène
June et Locky jusqu’au port de la Lune. C’est l’endroit où «les gardiens» vont l’informer de ses capacités et la guider pour qu’elle trouve la force qui est en elle.
Puis nous la suivons sur l’ile du nord, après qu’elle ait découvert comment se servir du souffle et comment interpréter les paroles de l’arbre bibliothèque. C’est là-bas, qu’après de mains efforts, elle atteindra la première source, mais c’est aussi là-bas que vit le mystérieux Jonsi, qui a marqué le cœur de June plusieurs mois plus tôt.
Dans le deuxième tome, il s’agit d’avancer. Aller toujours plus loin. Plus loin pour affronter le mal. June ne peut pas rester, ne peut pas s’arrêter, s’installer, aimer. L’ile du nord doit s’éloigner.
Elle reprend la route pour atteindre et rétablir la deuxième source. En chemin, elle et ses compagnons sont attaquées par les Oldariss, les créatures du chaos, alarmées par le réveil de la première source, et par la puissance dévoilée de
June. Tout ce long chemin pour arriver dans une ville cauchemardesque. La crasse, la misère, la mort règnent sur la partie basse de ce monde divisé en deux. Dans les tours et les remparts de la ville, vivent le roi, sa famille, et sa cour, tous, ou presque, complètement fou. June et ses amis arrivent à infiltrer dans la ville basse un réseau de révolte, et y trouvent une aide précieuse. Pour accéder à la source, il est nécessaire à June de mieux connaitre l’histoire de cette ville, et pour cela, elle doit rentrer dans les tours, mais comment? Grâce au mystérieux homme-oiseau, elle va trouver la faille par laquelle s’infiltrer et découvrir les secrets cachés de cette forteresse déjantée. «Par les âmes mêlées ils se dresseront», telle est la clef pour trouver la source.
Dans un deuxième tome plus noir que le précédent, l’action prend l’avantage, il est temps de combattre. Néanmoins, la poésie se retrouve dans la réponse, la douce mélodie qui mène à l’harmonie. Elle se retrouve également étroitement mêlée à l’espoir des villageois miséreux, qui n’ont pour seul promesse un chant centenaire. Ce tome nous tient en haleine, jusqu’à ce que le petit groupe réussisse à s’échapper de cette ville maudite.
On n’attend plus qu’une chose, le troisième pour découvrir enfin la dernière source, et les aventures qu’elle nous réserve. De la poésie, de la légèreté, des personnages attachants, le tout parsemé d’une brise d’humour, pour former ces deux premiers tomes d’une trilogie en passe d’être achevée. Cette série s’ancre dans la bibliographie de la jeune auteur Manon Farguetton, à la suite d’»Aussi libre d’un rêve», qu’elle a publié à 18 ans et de «Le suivant sur la liste », thriller également en plusieurs tomes. Son écriture élégante fait de ses romans une lecture addictive, dont on dévore les pages, tome après tome.
ELISE HAROCHE