LE GRAND MECHANT RENARD – Benjamin Reever – Shampooing

Il sort de son terrier, s’étire, puis s’en va d’un pas déterminé se chercher de quoi manger, une poule de préférence. Mais Renard est malhabile et la poule convoitée est terrible.

A la ferme, il est accueilli comme un vieil habitué, à qui on ne fait plus véritablement attention, mais qu’on salue au passage. Le chien de garde insensible, le lapin un peu crétin et son copain cochon, se rendent spectateurs passifs, un peu lassés, du renard malheureux. Renard rêve de manger du poulet, et ne veux plus se contenter des navets que lui offre la basse-cour en consolation de ses cuisants et douloureux échecs face à la poule furax, sadique, limite psychopathe.

Le loup, sarcastique et ténébreux, tente alors de faire de lui, tout ce qu’il n’est pas : « un prédateur féroce et sans pitié », mais devant l’incompétence de renard, il change de tactique, et lui propose une alternative : S’il ne peut pas avoir la poule, qu’il aille chercher les œufs. Commence pour Renard alors une toute autre histoire. Chargé de ses trois poussins, il est petit à petit amené à admettre qu’il n’est qu’un « vilain petit renard stupide et faible ».

Issu des Beaux-arts, dont il est diplômé de l’option ‘Bande dessinée’, puis de l’école d’animation La Poudrière, Benjamin Renner est un jeune animateur et réalisateur (quelques courts métrages et coréalisateur d’Ernest et Célestine).

Son dessin est sincère et expressif, sa progression est fluide, et il conduit son histoire avec humour. Le tout dans un décor d’aquarelle doux et très agréable. Les personnages sont drôles et attachants. On comprend toute la peine de ce pauvre petit renard, anti-héro d’une petite bande dessinée qui prend de la liberté avec les formes, où danse une poésie presque oubliée, et que petits et grands peuvent prendre plaisir à lire.

Benjamin Renner fait preuve d’un joli coup de crayon, qui pourrait bien contredire Hayao Miyazaki. Les adeptes du crayon et du papier d’aujourd’hui ont peut-être finalement assez de talent pour soutenir l’ancienne méthode face au
tout numérique. On le lui souhaite.

ELISE HAROCHE

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